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DEAUVILLE 2005 - Des documentaires haut de gamme

La section documentaire du festival de Deauville s'étoffe d'année en année. Elle regroupait en 2005 près de 1à longs métrages de différentes factures, relevant à la fois du politique, du social, ou, cerise sur le gâteau, du naturalisme.

Avec "Enron", nous avons tout d'abord appris nombre de choses sur les dessous de l'un des scandales financiers les plus retentissants. A partir d'interviews de spécialistes et de documents des principaux protagonistes, le réalisateur met en évidence les rouages d'une vaste supercherie et les facilités avec lesquelles les coupables semblent s'en être sorti. Le film constitue un plaidoyer pour une régulation plus importante des activités privées et contre les cabinet d'audit fantoches tels Andersen, mouillé jusqu'au cou dans l'affaire.

Autre sujet brûlant, "Les protocoles de la rumeur" met en évidence comment un livre antisémite a pu jeter le doute sur les agissements des coalitions juives autour des attentats du 11 septembre 2001. Plus que cela, ce documentaire de Marc Levin ("Slam") dissèque les mécanismes maintenant classiques qui font naître la rumeur et considérer les juifs les pires conspirateurs de tous les temps. Edifiant.

Coté social, le remarquable "Born into brothels" (ou "Camera Kids"), Oscar 2005 du meilleur documentaire, met en scène un groupe d'enfant de prostituées de Calcutta, pris en main par une photographe professionnel. D'une générosité incroyable, ce film nous en apprend beaucoup sur le pouvoir de l'éducation et de la créativité pour aider à se sortir de la misère. Cruel et beau, ses superbes photos comme son image aux couleurs éclatantes donne envie de connaître ces enfants défavorisés au sourire communicatif. Une grande leçon de vie pour un documentaire impliqué.

Enfin terminons par le plus réussi des documentaires de cette année: "Grizzly man" de Werner Herzog. Son film nous fait découvrir les multiples visages d'un écologiste parti pendant plusieurs années passer plusieurs mois au milieu des ours d'Alaska et au final déchiqueté par l'un de ceux qu'il appelait ses "frères". On le voit militant forcené, fanatique des mammifères, généreux. On le devine utopique d'une vie en osmose avec la nature, colérique et égoïste. Les images superbes et subjuguantes, issues souvent de la collection privée du militant en question sont pour beaucoup dans l'attraction qu'exerce ce film porteur d'un rêve impossible et d'une déchéance annoncée. Il est certainement le plus étonnant et "haut de gamme" des documentaires de cette année.

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur