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Cannes 2015 - Retour thematique sur le 68e Festival : Personnages sous pression maximale

Un point commun à de nombreux films fut cette année la mise sous pression des personnages, les menant parfois jusqu’à un point de rupture d’où certains ne reviennent pas forcément.

Le personnage interprété par le jeune Rod Paradot dans le film d'ouverture "La tête haute" voit ses perspectives de vie d'adulte se réduire de jour en jour, malgré l'accompagnement d'une juge et des services sociaux. Incapable de se défaire de ses pulsions violentes et de l'influence néfaste de sa mère (Sara Forestier, époustouflante) son mélange de détresse et de volonté en permanence vacillante, en font l'une des révélations de l'année.

Dans "Mon Roi", nouveau film de Maïwen, c'est Emmanuelle Bercot qui peine à se s'extirper de l'emprise d'un pervers narcissique (Vincent Cassel, grand oublié du Palmarès). Démontant les rouages de la passion et de la fascination irraisonnée, le film prend aux tripes et fait ressentir le danger de mort qui envahit un être dont la volonté s'estompe. En parallèle à sa reconstruction physique, c'est le récit de son naufrage qui nous est donné à voir.

Film turc, "Mustang" voit le destin de cinq sœurs basculer, la faute à des règles de bienséances interprétées trop à la lettre par des adultes surtout soucieux du « qu'en dira-t-on ». La rébellion, le désir de liberté, l'incompréhension du monde des adultes, sont autant de données de ce film aérien à la beauté plastique indéniable.

Victimes d'une famille de manipulateurs et d'assassins, les jeunes femmes du film mexicain "Les élues" se retrouvent à faire le tapin, et sont vouées à la mort si elles tentent de s'échapper. Décrivant un engrenage de violence et de dépendance, ce film cruel et étrangement romantique, décrit l'absence d'avenir et le fonctionnement glaçant d'un clan mafieux, au cœur d'une société qui préfère fermer les yeux et jouer les complices. Le seul espoir : intégrer le clan, en devenant la femme d'un des membres.

Enfin, couronné du Prix d'interprétation masculine, Vincent Lindon interprète un homme n'arrivant pas à retrouver du travail et embauché comme vigile dans "La loi du marché". Chantage au travail, humiliation des entretiens d'embauche et situations en forme d'impossible dilemme, Stéphane Brizé signe un film coup de poing dont on ressort forcément la gorge nouée, et avec la furieuse envie remettre en cause tout un système.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur