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CANNES 2008 - Femmes: La nécessité de lutter pour son enfant

De la compétition cannoise 2008, on retiendra bien évidemment le portrait dressé par Clint Eastwood, dans « L'échange » (sortie le 04 février 2009), d'une mère dont le fils disparu est retrouvé par la police. Doutant de l'identité de ce dernier, qui a rapetissé et serait devenu circoncis, tout cela en l'espace de quinze jours, le personnage, interprété avec ferveur et tourment par Angelina Jolie, se battra contre les multiples experts et une administration bornée et manipulatrice, pour faire relancer les recherches. Formidablement huilée, la mécanique réussit à angoisser et émouvoir , notamment avec la sortie des femmes de l'asile. Mais Eastwood n'évite pas sur la fin certains écueils mélodramatiques, comme lors de la confrontation de l'héroïne avec le supposé ravisseur.Victime elle même de multiples pressions, la belle héroïne du « Silence de Lorna » (10 septembre) ne trouvera la force de lutter face au clan d'immigrés albanais qui voudrait la remarier à l'un des leurs, qu'à ce prétendu enfant qu'elle attend. Renfermée, toujours sur le qui-vive tout en restant tactique et réfléchie, l'actrice Arta Dobroshi incarne à merveille cette femme rare, dont le destin, à peine équilibré, risque de verser à nouveau dans la précarité et le sordide.

Celui de Martina Gussman, interprète de l'argentin « Leonera », bascule le jour où son ami et l'amant de celui-ci sont retrouvés dans son appartement, l'un mort, l'autre blessé. Envoyée en prison, elle devra y accoucher. Et c'est avec minutie, à la manière d'un documentaire, que Pablo Trapero nous décrit ce milieu dans lequel le contraste entre vie des enfants et désespoir des mères frappe forcément. Chantage, sexualité contre nature, trafics, menace de retrait de l'enfant lors de ses quatre ans, rien n'empêchera Julia de se tourner vers une liberté promise, mais que sa propre famille pourrait remettre en cause, au nom du bien de l'enfant. Un regard juste et une interprète brillante font que ce film échappe finalement aux clichés.

Loin des stéréotypes, Walter Salles, qui co-réalise avec Daniela Thomas le bouleversant « Linha de passe », a permis à Sandra Corveloni de remporter le prix d'interprétation, pour son rôle de mère, dépassée par les agissements disparates de ses quatre enfants et la perte de son travail de femme de ménage, du fait du futur cinquième, encore « dans le tiroir ». Tentant chacun à leur manière de sortir de la misère, certains n'en seront pas moins rattrapés par un destin peu clément. Judicieusement, Salles (« Carnets de voyage ») ne donne pas toutes les clés, mais sait une fois de plus terminer son film en vous emportant, comme ses héros, vers une vie... malgré tout. On éprouve alors la seule envie, comme la mère et ses fils, d'aller « en avant ».

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur