Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

NEWS

Festival

Festival de Cannes 2012 : Un certain regard – Emilie Dequenne perd progressivement pied dans le bouleversant A perdre la raison

25 mai 2012

Un certain regard
À PERDRE LA RAISON
de Joachim Lafosse
avec Niels Arestrup, Emilie Dequenne, Tahar Rahim...

Réalisateur belge qui avait signé le dérangeant « Nue propriété », et « Élève libre », Joachim Lafosse a bouleversé les festivaliers en leur proposant sa lecture d'un fait divers sordide. Inspiré du quadruple infanticide perpétré à l’arme blanche par Geneviève Lhermitte, à Nivelles en février 2007, son film s'ouvre sur une scène d'hôpital, dans laquelle une mère alitée demande à ce que ses enfants soient enterrés au Maroc. Puis vient un plan terriblement marquant : quatre petits cercueils blancs sont embarqués dans un avion, par le biais d'un tapis roulant.

C'est donc par le constat du drame à venir que le réalisateur entame son récit, avant de nous proposer un flash-back à la trame linéaire qui constituera le cœur du film. Après la présentation d'un amour naissant entre Tahar Rahim et Émilie Dequenne, le scénario nous immerge dans l'intimité du couple en question, perturbée par la présence permanente du médecin qui les héberge. Initialement charismatique et bienveillant, ce personnage est interprété par Niels Arestrup, révélant subtilement diverses facettes, au fil du récit. Dévoilant une relation complexe entre celui-ci et une famille marocaine dont il a « pris soin », en épousant la fille et en offrant un travail au premier des frères, le réalisateur met en évidence la manière dont se dessine une emprise malsaine sur les moindres choix du couple.

Visuellement, Lafosse traduit cette intrusion d'un étranger dans le couple par un filmage en retrait, comme si celui-ci était en permanence observé. Il positionne ainsi dans le cadre divers objets en premier plan, un encadrement de porte, ou l'épaule d'un interlocuteur lors d'un champs-contrechamps. Si le principe peut séduire un instant, il finit par agacer sérieusement. Restent des interprètes magistraux, pour un drame qui vous prend à la gorge, avec en tête Niels Arestrup, imposant de sa sombre présence.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur