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Festival de Cannes 2012 : Compétition – Michael Haneke explore avec pudeur les souffrances et la complicité d'un couple face à la vieillesse

21 mai 2012

Compétition
AMOUR
de Michael Haneke
avec Jean Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert...

Michael Haneke n'avait pas fait de film depuis sa Palme d'or pour « Le ruban blanc » en 2009. Le voici qui revient à la veine réaliste et cruelle qui a fait sa renommée, avec « Amour », film sur l'intimité d'un couple de personnes âgées. Après la violence gratuite dans « Funny games », la bonne conscience bourgeoise caritative dans « Code inconnu » ou le racisme ambiant dans « Caché », le voici qui s'intéresse à la vieillesse et au rapport à la maladie.

Le couple vedette est constitué de deux monstres du cinéma français, Jean Louis Trintignant, saisissant de douceur, de compassion et d'aigreur retenue face à la soudaine maladie de sa femme, et Emmanuelle Riva, progressivement emportée vers la mort, malgré une volonté à peine entamée. Car Haneke nous prépare d'emblée à l'inéluctable, grâce à une scène d'ouverture où des pompiers enfoncent une porte d'appartement, pour y trouver, dans une pièce colmatée à grand renfort de ruban adhésif, une femme décédée depuis un certain temps. Puis nous assistons aux derniers moments de bonheur du couple, lors d'une soirée de gala au théâtre du Châtelet, seul moment en dehors d'un appartement dont on connaîtra bientôt les moindres recoins.

Juste de bout en bout, son film décrit chacun des stades d'une vieillesse galopante, le corps de la femme lâchant peu à peu. Il met chacun face à son propre comportement face à l'inéluctable, des enfants qui voudraient aider ou être présents mais dont l'« inquiétude ne sert à rien », jusqu'aux aides soignants qui ne prennent pas forcément en compte la souffrance ou les restes de lucidité des personnes âgées. Avec tact, sans le moindre apitoiement ou voyeurisme, au travers d'un huis-clos triste et implacable, Haneke interroge sur les valeurs de l'amour vrai et la possibilité de tenir les promesses faites aux êtres chers, et notamment à ceux qui ne souhaitent pas finir leurs jours à l'hôpital ou en hospice. On en ressort abattu, forcément, et convaincu, contrairement à ce qu'affirme le personnage de Trintignant dans le film, que tout cela mérite bien d'être raconté, comme pour mieux partager une douleur vécue par tant de familles ou pour exorciser un malheur à venir.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur