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MA VIE DE COURGETTE

Un film de Claude Barras

Une belle ode à l'entraide, et malgré tout... à la notion de famille

Courgette (alias Icare) a 9 ans et est persuadé d'avoir tué accidentellement sa mère alcoolique et violente, en la faisant tomber dans l'escalier qui mène à sa chambre, dans le grenier. Il rejoint toute une clique d'autres gamins à l'orphelinat, qui n'ont « plus personne pour les aimer »...

Tourné en stop-motion avec des figurines à la tête ronde et proéminente, au nez souvent rouge et aux bras filiformes et de longueur disproportionnée, « Ma vie de courgette » séduit d'emblée à la fois par son graphisme travaillé et légèrement enfantin, et par ses personnages attachants. Courgette, le personnage principal, est facilement reconnaissable puisqu'il a les cheveux bleus. Les autres sont tous aussi aisément repérables pour les enfants, qu'il s'agisse de Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice, ou de la nouvelle qui va venir secouer les habitudes de la petite et la hiérarchie établie.

Chacun a ses traits de caractère et l'intelligent scénario signé Céline Sciamma (« Naissance des pieuvres », « Bande de filles » côté réalisation, « Quand on a 17 ans » côté écriture) s’attelle à expliciter en douceur les raisons de leurs traumatismes respectifs. Ainsi Simon est roux, moqueur, colérique et autoritaire, Ahmed un peu bêta (en apparence) et crédule, alors que Jujube est enrobé et développe une passion pour la nourriture. La présentation en voix-off des habitudes des uns et des autres donne d'ailleurs lieu à quelques scènes amusantes (dont celle du dentifrice).

La rumeur allait grandissant autour du projet, depuis ses passages au Cartoon movie et le film a connu un franc succès à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2016, avant de se retrouver en compétition au Festival international du film d'animation d'Annecy. Malgré un format relativement court (seulement 1h06), l'histoire adopte un certain rythme, entre gags liés à la vision enfantine de la vie d'adulte, et moments plus difficiles traitant de la maltraitance.

Au travers d'un parcours plein d'humour, Claude Barras magnifie autant la notion de famille que celle d'entraide. Et au final, « Ma vie de Courgette » réussit à emmener le spectateur dans un monde d'enfants blessés, joignant leurs solitudes pour mieux réapprendre à exister. Un joli film qui se termine en beauté sur une réinterprétation toute féminine de la chanson de Noir Désir « Le vent l'emportera ». À ne pas manquer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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