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MOI QUI AI SERVI LE ROI D ANGLETERRE

Un film de Jiří Menzel

La petite Histoire

A peine sorti de prison, un vieillard, cantoné dans une ancienne maison d'hôtes qu'il tente de retaper, raconte son passé de serveur à une ravissante jeune femme. Il lui narre ainsi ses passages dans des hôtels diverses, plus proches parfois de lieux de débauche, et surtout ses amours...

Avec son nouveau film, le réalisateur tchèque Jiri Menzel fait preuve d'un courage politique incontestable, allié à un humour pince sans rire et une ironique bienvenus. On y suit l'histoire de ce vieil homme toujours aussi espiègle que dans sa jeunesse, faisant le récit d'une vie faite de légèreté et pourtant chargée de l'histoire de son pays (dont notamment la capitulation face aux allemands). C'est donc à un savant mélange entre histoire intime pleine de de poésie (comment il séduit des filles superbes, et fait des compositions florales ou autres sur leur corps) et histoire avec un grand H que nous convie ce scénario affichant autant d'humour, de gravité que de romantisme.

Et Menzel épingle au passage la compromission (face au pouvoir), la vanité (de certains serveurs ou serviteurs), les moeurs légères (des hommes âgés) et la dépendance à l'argent (des gens les plus riches). Son malin et tout petit héro s'amuse à la fois à laisser chance et hasard le guider. Il suit certains signes pour prendre des décisions appropriées et sait à chaque fois lorsqu'il faut partir, changer de vie. Et le hasard fait bien les choses dans ce conte pour homme entreprenant: on lui donne par exemple une médaille parce qu'il est petit et que l'empereur d'Egypte l'est plus encore et ne peut atteindre le cou du maître d'hôtel!

Interprété avec brio par un tout petit homme ( Oldrich Kaiser rutillant), le personnage principal nous amuse lorsqu'il lance régulièrement des pièces pour que les gens les ramassent... Il est ainsi le vecteur d'une dénonciation de l'avidité des gens riches, comme de leur futilité accompagnant une certaine régression avec l'âge dans leurs rapports aux jeunes filles. S'il se fourvoit avec une allemande hitlérienne, il saura faire sa place, de l'avant guerre au communisme, sans jamais sourciller.

'I served the king of England' véhicule ainsi un discours cruel mais réaliste, mêlant ridicule des postures et sérieux de la position sociale. Prenant un sérieux tournant politique avec l'arrivée des allemands dans le pays au cours des années 30, et la volonté aveugle d'épouser une arienne hitlerienne, il s'appui sur le jeu plein de malice de deux interprètes formidables pour faire passer les pires pillules, dont l'épouvantable scène sur la discrimination par le sperme. Une très belle fable à la réalisation inventive.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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