Festival de Cannes 2014: Timbuktu, la poésie face à la tyrannie djihadiste

Compétition
TIMBUKTU
de Abderrahmane Sissako
avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri...

Abderrahmane Sissako revient à Cannes après avoir présenté en 2006 "Bamako" hors compétition, avec un film éminemment politique sur la situation en Mauritanie, et l'absurdité des prétendues Lois divines qu'imposent les islamistes, usant paradoxalement de la force. Son scénario, au rythme apaisé, affirmant la douceur de vivre du Mali, contraste avec les actes de la "police islamiste" et des militaires, dévoilant interdictions de la cigarette, de la musique, punitions par le fouet, lapidations, et justice totalement arbitraire.

Offrant des plans sublimes et lumineux (la vue récurrente sur la rivière, les contreforts du village, la tente de Kidane dans les dunes...), le film invite à la réflexion, usant d'un cynisme fort à propos, mettant en évidence contradictions et justifications saugrenues (le jugement suite à une altercation entre Kidane et le livreur d'eau, l'enlèvement et la mariage forcé...), et questionnant la place réelle de la religion et l'hypocrisie globale des bourreaux, qui se créent leurs propres droits.