Festival de Cannes 2014 : l'élégant et émouvant Saint Laurent de Bonnello

Compétition
SAINT LAURENT
de Bertrand Bonello
avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux, Louis Garrel, Amira Casar, Aymeline Valade, Helmut Berger, Jasmine Trinca, Valeria Bruni Tedeschi...

Bertrand Bonnello a choisi Gaspar Ulliel pour interpréter le célèbre couturier et Jérémie Rénier son compagnon Pierre Bergé. Les deux acteurs, s'ils ne déméritent pas, sont loin de faire oublier l'incandescence de Pierre Niney et la prestance de Guillaume Gallienne dans le film de Jalil Lespert sorti en janvier dernier. Cependant c'est du côté de la mise en scène que se trouve la bonne surprise. Loin de tout montrer, Bonnello choisit au contraire d'évoquer par ellipses les épisodes les plus sombres ou les aspects les plus graveleux de la vie de l'artiste (plongée dans la drogue, découverte des lieux de drague gay, orgies...). S'intéressant véritablement au métier de couturier, il montre les détails de vêtements, et donne de la véritable épaisseur aux scènes d'atelier, loin de la simple illustration à base de défilés offerte par le précédent "Yves Saint Laurent".

Utilisant avec parcimonie le split screen, ce principe lui permet notamment de présenter en parallèle l'actualité des années 68 à 70 et les différentes collections proposées par le couturier, et de montrer sous différents angles, à la manière d'un tableau de Mondrian (allusion certes marquée à la fameuse robe qui lança la marque...) le fameux défilé de 1976 dont était si fier le créateur. Malheureusement, la linéarité de l'intrigue fait soudain place, sans pertinence aucune, à quelques dizaines de minutes de la fin, à des aller-retour entre vieillesse de l'artiste et tentative de sortie du gouffre. Reste une certaine émotion, qui pointe son nez dans les dernières scènes, magnifiant à la fois l'homme et son désir de créer, sans pour autant malheureusement rendre compte de l'intensité et du génie de la création.