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INTERVIEW

VINCENT DOIT MOURIR

Stephan Castang et Karim Leklou

réalisateur et co-scénariste, et acteur

C’est à l’occasion de la présentation en avant-première à Lyon, au Pathé Bellecour, du film « Vincent doit mourir« , que Stéphan Castang, réalisateur, et Karim Leklou, acteur, ont donné une conférence de presse à l’Hôtel Charlemagne.

Entretien Interview Rencontre
© Capricci Films

Avez-vous fidèlement travaillé la matière originale du scénario ?

Stéphan Castang: Dans le scénario original de Mathieu Naert, il n'y a que le personnage de Karim qui était victime du phénomène et à la fin le couple ne terminait pas ensemble. Pour moi, cette histoire d'amour et d'attache entre les deux personnages principaux était très belle, je suis peut-être un garçon plus sensible, mais j'avais envie que cette trame amoureuse se poursuive et que le film se termine avec eux deux. Le film est un croisement de plein de genres mais s'il y a bien quelque chose qui prédomine dans "Vincent doit mourir", c'est l’histoire d'amour !

Le titre est d'origine et il fait partie des choses qui m'ont poussé à faire le film. C'est important un titre ! J'aimais beaucoup que mon premier long-métrage s'appelle ainsi ! Il y a une brutalité que je trouvais assez juste.

Comment avez-vous travaillé pour le casting de votre premier long ?

SC : L'idée pour mes acteurs était d'avoir affaire à des corps ordinaires voire tabous, que ce soit avec mes têtes d’affiche, mais aussi avec des comédiens âgés et des enfants.

C'est aussi une autre chose que j'ai rajoutée dans le scénario. Je trouvais dommage qu'on ne tape pas des enfants quand même ! (Rires)

Karim avait la dualité parfaite pour ce rôle : autant il peut être monsieur tout le monde, autant il a une vraie singularité, il a ce quelque chose de très doux et en même temps, il peut faire preuve d'une très grande brutalité ! Tout le reste du casting devait coller à cette tonalité.

La présence de François Château s’explique parce que c’est un vieux copain. J'ai aussi comme lui été un comédien de théâtre. Lui est un des plus grands acteurs de théâtre qui soit. On a joué ensemble, c'est un acteur formidable. C'est le maître Yoda du jeu ! Il a aussi joué dans un de mes courts-métrages.

L’avez-vous pris comme un challenge, ce rôle de Vincent ?

Karim Leklou : Je savais qu'il allait y avoir une quantité de scènes de bagarres impressionnantes. Et oui, c'était un vrai challenge de tourner ce film où mon but est de rester en vie ! J'ai eu la chance de plus ou moins le tourner dans l'ordre chronologique. Il y avait quelque chose de la page blanche à jouer dès le départ. Puis, on jouait presque en temps réel les situations. Ça permettait d'avoir une approche plus autour du corps que psychologique, sans présager des sentiments qui allaient naître du langage corporel et qui me dépasse complètement.

J'ai beaucoup aimé que Stéphan ne fasse pas de cette violence quelque chose d'esthétisant mais au contraire quelque chose d'absurde, sale ou très sale, très réaliste, sans effets spéciaux. Et qu’elle raconte quelque chose de notre société, au travers des violences taboues comme celles faites aux enfants, aux personnes âgées, dans le cadre du travail... Et qu’elle existe au profit d'une histoire d'amour. Moi j’avais l'impression de jouer dans une comédie romantique brutale ! Ça m'a plu dès le départ !

C’est ce qui vous a fait accepter le rôle ?

KL : C'est la rencontre avec Stéphan qui m'a complètement fait dire oui. On a parlé du scénario, je trouvais que c'était une vision unique dans le cinéma français, une proposition qu'on ne reçoit pas chaque semaine. J'aimais bien le paradoxe de cette histoire d'amour dans un monde violent et toutes les couches qu'il mettait dans le scénario. C'est rare de tomber sur un objet aussi riche.

C’est un premier film étonnant, qui ne respecte pas les codes des premiers films. Rendez vous compte, il fait tout ce qu'il ne faut pas faire ! 18 bagarres, un chien, un bateau, des enfants, une bataille dans une fosse septique... ! Je rends hommage à Julien Duverger, le cascadeur du film, avec qui on a répété tous les combats.

Comment avez-vous travaillé sur le plateau de tournage ?

SC : Dans beaucoup de scènes, je demande aux acteurs d'improviser.

KL : Je trouve ça passionnant d'avoir un réalisateur qui interroge ses comédiens au moment du plateau, alors qu'on a beaucoup discuté en amont des scènes. Pour pouvoir faire une bonne improvisation, il faut avoir une connaissance assez forte du scénario et des situations, ce qui permet de s'en libérer au moment du tournage et de réellement improviser. Et puis c'est un film de troupe. On l'a vraiment fait tous ensemble.

SC : Sans tous les gens du plateau, ça ne serait pas le même film. C’est vrai que j’aime l'improvisation car ça apporte de la légèreté. Il faut pouvoir donner le champ libre et se dire qu'il n'y a pas de piste interdite. Et surtout, on a le droit de se planter, ce n'est pas grave ! Faut même se planter !

KL : C'est hyper important au plateau le droit de se planter. Ou plutôt le droit d'essayer, d'essayer et d'essayer encore... C’est parfois de là que naissent des sentiments, des scènes plus intéressantes. Ça donne de l'espoir en tant qu'acteur ! (Rires)

Stéphan ne réfléchissait pas de façon pyramidale pour réussir une scène, il se sert de toutes les forces vives. Ça en fait un tournage où on a tous l'impression que c'est un peu notre film.

Comment s’est passée votre première mondiale au Festival de Cannes ?

SC : On garde un excellent souvenir de notre passage à Cannes, où le film était dans la bonne sélection, à la Semaine de la critique. On était protégé de trop de merdier cannois !

On est cousin avec un autre film cannois "Le Règne animal". Lui c'est Pierre Bachelet, moi c'est Dave ! C'est un putain de film, je suis très content qu'il marche, c'est une très très belle proposition. Ça faisait longtemps que l'on n’avait pas vu Romain Duris aussi bien et Paul Kircher est formidable.

Mathieu Payan Envoyer un message au rédacteur

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