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INTERVIEW

UN BAISER S'IL VOUS PLAIT

Abus de ciné:
Le désir n’est-il que sexualité et égoïsme?

Emmanuel Mouret:
Je ferais quand même une distinction. Le désir est souvent concret et précis. Il reste cependant quelque chose de très mystérieux. Mon personnage a beau arriver avec un désir de sexualité, il n’…

© TFM Distribution

Abus de ciné:
Le désir n'est-il que sexualité et égoïsme?

Emmanuel Mouret:
Je ferais quand même une distinction. Le désir est souvent concret et précis. Il reste cependant quelque chose de très mystérieux. Mon personnage a beau arriver avec un désir de sexualité, il n'en est pas moins sincère.

Abus de ciné:
Vous ne donnez pas trop d'importance au baiser?

Emmanuel Mouret:
Le baiser, c'est une beauté, un accomplissement et des conséquences. Je ne suis pas sociologue, mais on n'embrasse pas quelqu'un pour rien. C'est la première union de deux corps, mais c'est aussi un geste de délicatesse, voire de violence...

Abus de ciné:
Vous adhérez à son univers de metteur en scène?

Julie Gayet:
Je le sent proche des films de Truffaut (« L'homme qui aimait les femmes »). Emmanuel c'est un peu un homme qui aimait les femmes femmes. Se fondre dans son univers de réalisateur est facile, ses dialogues sont de la dentelle, de la pure magie. Ici on est juste interprète, alors qu'au théâtre, quand ça se passe mal c'est un cauchemar. J'ai lu le scénario sans savoir qui j'allais jouer, et j'ai tout de suite voulu la jouer elle. Car à ce moment de ma vie, je me posais beaucoup de questions sur la fidélité. Quand est-ce qu'on trompe quelqu'un? Elle est consciente de cela, elle se refuse à tromper...

Emmanuel Mouret:
J'ai toujours besoin de redécouvrir le monde habituel sous un autre angle. Mon film finit mal, puis finit bien... Virginie Ledoyen est triste, puis démarre une autre histoire, synonyme d'espoir. La civilité est là pour gérer l'animalité, cela se ressent dans mes dialogues. L'érotisme, lui, est beaucoup plus fort entre gens civilisés qu'entre bêtes. Le tabou rend certaines choses précieuses, ce qui est un paradoxe. Je voulais que l'approche soit naturellement un suspense, et elle dure ici tout au long du film.

Julie Gayet:
L'érotisme est en effet plus fort dans le caché. On ne montre pas le nu directement.

Abus de ciné:
Vous êtes plus en retrait sur ce film que dans vos précédents?

Emmanuel Mouret:
Oui, j'ai donné de l'importance aux autres. Surtout aux deux personnages « dommages collatéraux » qui prennent le dessus à la fin.

Abus de ciné:
Comment s'est passée la répartition des rôles entre les deux femmes?

Emmanuel Mouret:
Chacun devait amener une couleur très différente. Avant de lui proposer le rôle, j'avais rencontré Julie Gayet à Cannes, lors d'une soirée. Elle m'avait demandé du feu. J'avais trouvé qu'elle avait à la fois de la classe et du charme. J'ai pensé qu'elle ferait un très beau couple avec Michael Cohen. Pour Virginie Ledoyen, j'avoue que je n'avais pas pensé à elle. J'ai su qu'elle avait beaucoup aimé « Changement d'adresse »et nous avons fait une lecture ensemble. Elle a finalement rajouté une densité dans la partie la plus légère du film. Elle pouvait étonnamment être à la fois rangée et dérangée.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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