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INTERVIEW

TRANSAMERICA

Assis dans les fauteuils rouges d’un grand hôtel de Deauville, nous attendions le réalisateur de Transamerica. Arrivant discrètement il nous proposa de rejoindre la terrasse ensoleillée, afin de répondre à nos questions. Oui le beau temps est possible, même à Deauville au mois de septembre…

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Assis dans les fauteuils rouges d’un grand hôtel de Deauville, nous attendions le réalisateur de Transamerica. Arrivant discrètement il nous proposa de rejoindre la terrasse ensoleillée, afin de répondre à nos questions. Oui le beau temps est possible, même à Deauville au mois de septembre.

Journaliste :
D’abord pourquoi avoir choisi de faire du fils, un homosexuel ? Est-ce un moyen de sous entendre qu’il ne peut accepter la situation de son père qu’en se rendant lui aussi différent ?

Duncan Tucker :
Le personnage de Toby a grandi dans un milieu sans repères. Et comme bien souvent les enfants abusés, ayant grandi dérangés, abusent eux même de leur descendance, il est alors entre les deux. Lorsqu’il rencontre son père, il couche avec des hommes, mais recherche surtout l’amour d’une famille. Ses repères sont brouillés.

Et puis j’ai voulu insister sur les différences de comportement entre les deux personnages. Elle est très policée, très retenue, alors que lui est très extraverti. Ils sont opposés sur le sexe, le comportement et les apparences. Elle en arrive même à en avoir peur. Il est l’enfer, le mal, par ses relations avec la drogue, la prostitution. Et j’ai aussi insisté malgré cela, pour que lui ne la juge pas. Son fils reste bien plus ouvert que sa famille, qui ne cesse de s’opposer à elle, en particulier sa mère.

Journaliste :
Pourquoi avez-vous choisi de faire basculer le film de la comédie vers une forme plus dramatique, en ne restant ni vraiment dans un style ou dans un autre ?

Duncan Tucker :
J’ai plus fait un film sur la vie, sur les conditions et les incompréhensions entre les gens. Et les moments drôles permettent d’introduire plus facilement le personnage de Bree. Bien sûr, au cours du film, elle se sert de son caractère et donc de son humour pour survivre. D’un autre côté l’opposition de style avec Toby fait naître de telles incompréhensions que l’humour involontaire apparaît. Mais d’observer cette femme qui ment à son propre fils, lui-même dans une situation personnelle et spirituelle tangente, ne peut qu’entraîner une friction voir un drame. Et d’ailleurs quand la situation semble se noircir un peu plus, la famille de Bree prend le relais dans cet humour de situation. Leur décalage, aussi bien entre eux qu’envers leur fille et leur petit fils, allège la pesanteur de la situation.

Journaliste :
Pourquoi avoir choisi le centre des U.S.A lors de la traversée du pays, comme lieu principal d’exposition ?

Duncan Tucker :
Ces Etats là sont bien plus conservateur, mais non pas exactement par culture, encore que, mais plutôt en raison de la taille des villes. C’est très souvent dans des villes de taille moyenne que les différences sont le moins appréciées, et acceptées. Ce sont dans des endroits comme cela que vous rencontrez les gens les plus obsédés par la normalité, le côté religieux de la vie, de manière très intégriste.

Et de faire passer Toby et sa mère dans ces lieux, est autant un moyen de montrer qu’eux aussi sont normaux malgré leurs différences, qu’ils souffrent, qu’ils aiment de la même manière, mais aussi que dans ces endroits là, la normalité et le refus de la différence, entraînent le refoulement des comportements différents, auxquels ils ne manquent souvent pas grand-chose pour se faire jour.

Et puis ce côté traditionnel, je l’ai renforcé par l’utilisation de la musique, en multipliant les styles, suivant les endroits traversés.

Remerciements à Jean Philippe Letuillier pour avoir joué les interprètes.

Guillaume Bannier Envoyer un message au rédacteur

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