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INTERVIEW

TANGO DES RASHEVSKI (LE)

Lorsqu’on l’interroge sur la fonction du tango dans la famille Rachevski, le réalisateur répond qu’il s’agit d’une sorte  » d’aspirine familiale « , qui permet d’accepter l’inacceptable, d’évacuer au lieu de s’énerver. Ainsi, les juifs lui semblent avoir un étrange rapport au tango, qui est pourt…

© Patrice Riccota

Lorsqu'on l'interroge sur la fonction du tango dans la famille Rachevski, le réalisateur répond qu'il s'agit d'une sorte " d'aspirine familiale ", qui permet d'accepter l'inacceptable, d'évacuer au lieu de s'énerver. Ainsi, les juifs lui semblent avoir un étrange rapport au tango, qui est pourtant d'origine argentine, mais qui est souvent un grand classique, un grand moment dans les mariages ashkénaze.

Pour lui, la grand mère, Rosa, n'a pas tourné le dos à la foi. Elle a conservé foi en sa famille, même si elle a perdu certaines convictions suite à la guerre. Elle a tout de même transmis sa tradition. Il y a un vrai paradoxe dans le fait de refuser la religion, et de choisir le carré juif pour se faire enterrer. Cependant elle croit toujours à la tradition.

Le personnage d'Hippolyte Girardot ne se converti pas uniquement par amour. Il trouve là un sens à sa vie, il éprouve une réelle curiosité, même s'il en reviendra peut-être (après la fin du film). Chacun des enfant perçoit la religion différemment. Mais dans la religion juif, déclare Sam Garbarski, il existe une liberté d'interprétation des textes, une véritable liberté de pensée.

Il constate que beaucoup de gens, qui n'ont pas reçu une éducation religieuse, célèbrent cependant des fêtes à origine religieuse, et en ont besoin. Son casting fut de façon surprenante, réalisé rapidement, avec choix sur photos. Et la complicité entre certains acteurs, sensés être liés dans le film, s'est installée rapidement, lors d'une soirée au théâtre. Ainsi, Hippolyte et Jonathan Zaccaï étaient comme des frères, et Ludmila, Michel Jonasz et Daniel Mesquich se sont entendu tout de suite. Pour le personnage de l'oncle, il déclare l'avoir vu dans Voyages d'Emmanuel Fienkel, et avoir eu son téléphone par ce dernier. Il a aujourd'hui 89 ans, et est aussi vif que dans le film.

Lorsqu'on lui demande ce qu'est un " Mench ", il admet, comme ses personnages, ne pas être capable de répondre. Pour lui, c'est cependant plutôt quelqu'un " qui fait instinctivement ce qu'il faut ".

Le personnage d'Hypollite Girardot, semble être pour l'acteur, quelqu'un qui tombe amoureux, mais aussi quelqu'un qui rencontre la religion, qui " naît à lui même ". C'est un personnage qui découvre les autres petit à petit. Lors du tournage, il a beaucoup pensé à un de ses amis, qui s'est suicidé. La mère de celui-ci lui avait dit un jour " toi, tu es plus juif que moi ". Cela l'a inspiré.

Daniel Mesguich, est quant à lui, toujours inquiet de voir quelqu'un dire avec applomb ; " je suis juif ". Pour lui, c'est le questionnement qui fait le juif. En ce qui le concerne, il reste toujours dans les marges, il n'arrive à définir, comme dans le film, le " juif ", que par défaut, en tournant autour de la notion.

Le réalisateur, Sam Garbarski, avoue que l'idée de raconter les deux frères au travers des parties d'échec au téléphone, est venue du scénariste. Lui, souhaitait au départ tourner ces séquences en split screen. Mais à la vue du résultat, les plans fixes apportent bien plus d'émotion. Le chapitrage, lui, permet d'être elliptique, et reste préférable à un découpage par personnages, trop nombreux.

Il avoue ensuite ne pas avoir pu tourner en Israël, car certains des membres de l'équipe ne pouvaient ou ne voulaient pas s'y rendre. Ils ont donc tourné au Maroc, où, à son grand étonnement, de petits arabes ont accepté de jouer des juifs religieux, en prière !

Pour lui, le personnage de Jonathan Zaccaï est avant tout quelqu'un qui subit le plus le manque de la grand mère morte. Il est incapable d'évoluer, et reste sclérosé, d'autant plus qu'il perd son meilleur ami au profit de la religion, même s'il se doute que cela ne va pas durer.

Le film serait donc une œuvre sur la pratique de la tradition, qui n'implique pas nécessairement d'être religieux. Ainsi Daniel Mesguich précise qu'un Rabbin ne croit pas en Dieu, mais qu'il pense Dieu. Le réalisateur a d'ailleurs voulu montrer les clichés répandus y compris parmi les pratiquants. Ainsi, il existe des rabbins libéraux, qui pour certains sont des femmes. De même, les enterrements peuvent être célébrés sans rabbin, à condition que quelqu'un dise la prière, et les photos sont possibles dans les Shivas.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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