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INTERVIEW

NOUVEAU PROTOCOLE (LE)

Abus de ciné:
Comment est né le projet?

Clovis Cornillac:
Au départ, ce sont les producteurs de chez Mandarin (« Brice de Nice », « Les chevaliers du ciel ») qui m’ont demandé ce que je voulais jouer. Souvent les acteurs sont attirés par des rôles « classiques »,…

© Studio Canal

Abus de ciné:
Comment est né le projet?

Clovis Cornillac:
Au départ, ce sont les producteurs de chez Mandarin (« Brice de Nice », « Les chevaliers du ciel ») qui m'ont demandé ce que je voulais jouer. Souvent les acteurs sont attirés par des rôles « classiques », et sont alors très mauvais. Moi, je voulais autre chose...

Eric Besnard:
C'est Clovis qui a demandé un rôle pour lui. Celui d'un homme simple confronté à un monde complexe. J'ai eu l'idée de l'univers de la pharmaceutique, puis le réalisateur est arrivé. Il a été difficile d'avoir des infos sur cette industrie, et si je suis parti de faits divers, mon objectif était surtout de parler d'un monde où l'individu n'a plus le droit d'émettre un avis, un monde libéral dans lequel la recherche du profit est contradictoire avec la santé publique.

Abus de ciné:
Pourquoi avoir choisi cette forme, avec deux vengeances?

Eric Besnard:
Il fallait que le spectateur puisse se mettre dans les chaussures d'un individu. Que cet homme qui recherche la vérité, crée l'empathie. C'est Marie Josée qui permet peu à peu d'avoir les informations sur lui...

Thomas Vincent:
Le thriller s'est imposé pour ce film « à dérmarche citoyenne ».C'est un vecteur qui permet de s'adresser à un public qui n'est pas acquis d'avance, voire difficilement accessible, ceci sans abdiquer sur le terrain idéologique.

Abus de ciné:
S'agit-il d'un film alter-mondialiste?

Thomas Vincent:
La question n'est pas là. Ca n'est pas un film partisan. Sans se taire, il ne s'agit pas d'un sermon, mais plutôt de poser des questions, pour inciter chacun à une position citoyenne. Le personnage de Clovis se demande tout le temps où sont les méchants, pour pouvoir les frapper. Mais il se retrouve face à lui-même. Finalement son acte est surtout tragique pour lui. Il fait oeuvre de sacrifice sur une erreur d'interprétation.

Eric Besnard:
On ne prône pas l'acte de la fin. C'est juste la logique du personnage, dans laquelle il est enfermé. La question était plutôt à l'écriture, de savoir si on irait jusqu'au bout de l'impasse. Son trajet est un trajet particulier. Il est tout seul. Marie Josée, elle, est déjà à l'étape d'après, en résistance permanente, à la fois désespérée et stérile. Il est rare que ces gens là gagnent...

Abus de ciné:
Vous aviez envie de jouer dans un film d'action?

Marie Josée Croze:
Non, pas spécialement. J'ai peu d'a priori sur les genres au cinéma. Mon personnage ici est riche, il a différentes facettes. Le scénario est assez différent de ce qu'on voit d'habitude, le réalisateur se cogne à la réalité.

Abus de ciné:
Comment êtes cous entrés dans vos personnages?

Clovis Cornillac:
Ce qui est sûr c'est qu'on était bien fatigués... Il fallait trimballer tout ça. Ca demandait une certaine condition physique, même pour un plan d'oreille (rires)...

Thomas Vincent:
Tous les matins, il leur fallait se remettre dans cet état émotionnel. Et pendant 2 mois, ce fut dur. Il fallait qu'ils se rattachent au point de départ commun aux deux personnages, qui est le deuil;

Marie Josée Croze:
Je comprenais assez cette violence, un temps tout au moins, mon bon sens et mon humanité reprenant le dessus. Mon personnage a perdu quelque chose de sain dans son esprit: elle s'est marginalisée.

Abus de ciné:
Pourquoi avoir esquissé une histoire d'amour?

Marie Josée Croze:
Les deux personnages sont dans des situations de tension. A deux sur une même planète, ils éprouvent une sorte de pulsion de compréhension mutuelle. Il ne s'agit pas vraiment de sexualité, mais juste d'un baiser. C'est normal qu'on y croit pas...

Eric Besnard:
A l'écriture, nous étions allés plus loin. Il fallait au final que ce soit un instant, une sorte d'incandescence animale, pour montrer que ce n'est en rien de l'amour.

Abus de ciné:
Vous avez eu envie d'approcher des figures de style gore?

Thomas Vincent:
Dans ce genre de film, il est normal que le spectateur ait peur. En terme de mise en scène, on peut alors partir dans la surenchère stylistique, ou on peut coller au maximum au propos sans effets, avec un traitement brut et simple. Cela ne veut pas dire qu'on est pas efficace.

Eric Besnard:
Dans le film, nous avons mis en place une poursuite sans poursuivants. On n'a jamais voulu faire de Clovis un héros.

Marie Josée Croze:
La fin, pas si simple que cela, est intelligente. On ne fait que décaler le problème, les tests se poursuivent. On est tous dans une spirale de rendement...

Eric Besnard:
Il est établi que les tests se poursuivent principalement en Afrique, et qu'ils existe quelques cas en Birmanie et Thaïlande. On va finalement faire les essais sur des gens qui n'auront jamais les moyens de se payer les médicaments en question...

Abus de ciné:
Quelle a été la réaction des groupes pharmaceutiques?

Thomas Vincent:
Nous avons eu à faire à une boîte de communication qui regroupe l'ensemble des industriels du secteur. Ils ont ainsi demandé à voir le film, une projection de politesse est prévue. Mais heureusement, tous les cas cités dans le film, sont de notoriété publique.

Eric Besnard:
Et s'il y a des gens qui veulent parler, des « gorges profondes », on ne peut pas forcément les exploiter. J'ai plein de scandales en réserve, des histoires horribles...

Thomas Vincent:
Mais c'est le principe du cynisme et de l'affairisme au pouvoir...

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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