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INTERVIEW

MON PERE EST INGENIEUR

Robert Guidiguian avait l’idée d’adapter la pastorale (l’histoire de la crèche version provençale), depuis près de quinze ans. Il lui a présenté l’idée dans un couloir d’hôpital, alors qu’il attendait pour passer un scanner. Il voulait en fait raconter l’histoire d’un gars qu…

© Patrice RICOTTA

Robert Guidiguian avait l’idée d’adapter la pastorale (l’histoire de la crèche version provençale), depuis près de quinze ans. Il lui a présenté l’idée dans un couloir d’hôpital, alors qu’il attendait pour passer un scanner. Il voulait en fait raconter l’histoire d’un gars qui ne parle plus. Puis le garçon est devenu fille. Ici, il intègre la pastorale, au travers de la lecture que la mère fait à sa fille. Ariane Ascaride explique que c’est un conte très populaire en Provence, et qu’il est joué en public tous les ans à Marseille.

Lorsqu’on l’interroge sur le message politique du film, Ariane Ascaride avoue ne pas savoir s’il s’agit là d’une désillusion vis à vis du communisme. Il s’agirait plus d’une interrogation sur la manière d’intervenir sur le monde. Le film est un peu le récit de l’épuisement d’une manière d’agir. Guédiguian en est revenu de certaines attitudes, il fait le constat de l’échec d’une certaine forme de lutte, et de certains discours. Le film ressemble presque à une œuvre posthume. En tout cas il ferme un cycle, et pour Ariane Ascaride, son travail va repartir sur d’autres choses, en lien avec ce qu’il vit.

Sur le tournage, chacun des acteurs peu faire des propositions. Pour Ariane Ascaride, il ne s’agit jamais d’une lutte avec le réalisateur. Elle avoue d’ailleurs ne pas avoir besoin de beaucoup parler avec Guediguian. Mais concernant la famille d’acteurs autour de Guediguian, elle indique qu’il n’y a pas de routine dans ce travail, car chacun des interprètes travaille aussi ailleurs. Chacun gagne donc en expérience, et le niveau d’exigence et de risque est à chaque fois un peu plus grand. Ses relations avec Gérard Meylan, et Jean Pierre Darroussin ont toujours été évidentes. Ses couples à l’écran sont évidents.

Le personnage de Gérard Meylan lui paraît symptomatique d’une génération d’immigrés qui ne reconnaît pas la suivante. Pour le couple d’adolescents, il semble paradoxal que la fille, issue d’un père immigré, ne puisse pas être avec un autre immigré. C’est parce que pour le père, ces immigrés de la dernière génération, n’ont pas encore choisi d’être français, contrairement à lui.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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