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INTERVIEW

CONFIDENCES TROP INTIMES

Quand on lui dit qu’il s’agit d’un film noir, et qu’un psy est un peu quelqu’un qui enquête sur les gens, Patrice Leconte avoue s’amuser des étiquettes qu’on peut coller aux films dans les revues. « Comédie dramatique », il faudrait inventer ici le terme de « thriller sentimental ». C’est l’h…

© Patrice Riccota

Quand on lui dit qu'il s'agit d'un film noir, et qu'un psy est un peu quelqu'un qui enquête sur les gens, Patrice Leconte avoue s'amuser des étiquettes qu'on peut coller aux films dans les revues. « Comédie dramatique », il faudrait inventer ici le terme de « thriller sentimental ». C'est l'histoire d'une femme qui trimbale une ambiguïté en permanence.

Il s'agit d'un scénario original, signé Jérôme Tonnerre. Il était au départ condensé sur une vingtaine de pages, avant de commencer à travailler ensemble. Le couloir y joue un véritable rôle. Leconte en voulait un qui n'en finisse pas. D'ailleurs celui qui a été construit allait jusqu'au bout du studio. Le décors se devait cependant d'avoir un toit, car pour Patrice Leconte, il est difficile de jouer dans des pièces sans plafonds. Et ce même décors évolue au fil du film, dans ses couleurs, comme les vêtements des personnages. Et le spectateur y est d'autant plus sensible que l'action ne change pas de lieu.

Le tournage s'est effectué dans l'ordre chronologique, ce que l'on peut rarement se permettre. Ceci était rigoureusement normal ici, car le film se déroule dans peu d'endroits et c'est une chance précieuse pour les acteurs, avec le personnage d'Anna ici, qui passe par toutes les couleurs, du sombre vers la lumière. C'est d'ailleurs un peu le mouvement inverse de Monsieur Hire, qui lui, va vers le noir.

Les scènes ont été filmées en studio, la seule scène extérieure ayant lieu lorsque Lucchini suit la femme jusqu'à la gare. Elle était utile car permettait de se rendre compte de la crédibilité de ce que le personnage féminin raconte. Ce personnage, Sandrine Bonnaire lui a trouvé des sentiments réels, à la lecture du scénario. Cependant elle avait un peu peur de dire certains des dialogues, un peu crus. Pour Leconte, il fallait rendre ce personnage bizarre, mais suffisamment attachant, car il y a avait là un enjeu de rythme pour ce film, qui joue beaucoup sur la répétition : elle entre, s'assoit, parle du mari… Le spectateur devait se demander en permanence si elle est mythomane.

Le rôle de Lucchini était également difficile, car c'est un personnage qui subit. Leconte dit de lui, qu'il « a été nommé oreille idéale par Anna », et qu'il a donc accès à des secrets de femmes auxquels l'homme n'a pas accès en générale. Le réalisateur affirme que l'acteur s'est plu à avoir un rôle peu bavard. Cela lui faisait peur, et il se demandait s'il n'allait pas être ennuyeux. Leconte lui trouve cependant, dans les contre-champs où il écoute les secrets de Anna, des expressions toutes en retenues, mais « limite lucchiniennes ».

Si pour conclure, Leconte admet aimer faire des films non datés, hormis ceux dits d'époque. Il avoue que Confidences trop intimes lui permet de traiter de la difficulté de l'écoute. Aujourd'hui on ne sait plus écouter les gens, même au sein des familles. Son message, loin de se moquer des psys, même si celui joué par Lucchini est particulièrement radin, est plutôt porté sur une nécessité vitale : celle de faire attention aux autres.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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