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INTERVIEW

CASABLANCA DRIVER

Maurice Barthélémy

Réalisateur

Journaliste : Quand l’envie d’écrire est-elle apparue ?

Maurice Barthélemy : Cette envie était un peu secrète… Je ne pensais pas que ce serait possible de faire un film. Les choses sont venues progressivement. J’ai écrit le scénario le soir et le week-end, pendant l’écritu…

© Mars Distribution

Journaliste : Quand l'envie d'écrire est-elle apparue ?

Maurice Barthélemy : Cette envie était un peu secrète… Je ne pensais pas que ce serait possible de faire un film. Les choses sont venues progressivement. J'ai écrit le scénario le soir et le week-end, pendant l'écriture de RRRrrr… avec les Robins. Le fait d'être un Robin facilite forcément les choses, mais en même temps, c'est très compliqué : si le projet n'est pas intéressant, on vous dit merde, comme à tout le monde. Et en fait, ça a été.

Journaliste : Comment s'est passée l'écriture sans les Robins des Bois ?

Maurice Barthélemy : Ecrire à cinq, c'est très compliqué. Tout le monde a des idées, on vote à main levée, il y a forcément une partie de l'équipe qui est en permanence un peu « mise à l'écart ». Là j'ai écrit ce que je voulais, j'ai mis ce que j'avais envie de mettre. J'avais vraiment le sentiment de pouvoir mettre ce que j'avais dans la tête. Les Robins ne pensaient pas que je pourrais faire un film. Au sein du groupe, je suis un peu le gars qui s'ennuie pendant les réunions, qui fabrique des avions en papier en écoutant distraitement. Ils ne s'attendaient pas à un univers aussi travaillé.

Journaliste : Qu'est-ce qui vous a fait peur dans la création du film ?

Maurice Barthélemy : J'avais la trouille de devoir motiver des gens, de devoir défendre le film. J'ai eu de la chance, parce qu'il s'est monté assez facilement. Le budget n'est pas très gros, environ 20 millions de francs (environ 3 millions d'euros) . La post-production est la partie la plus dure, parce que la promotion est vraiment compliquée. On se bat pour que la bande-annonce corresponde à l'esprit du film, on demande à l'équipe d'assurer une tournée… Et puis c'est le seul moment où on peut dire, véritablement, si le film va marcher ou non.

Journaliste : L'échec de « RRRrrrr… » ne vous a pas découragé ?

Maurice Barthélemy : Je ne ressens pas « RRRrrrr… » comme un échec, mais on nous le montre comme un échec. 1 millions 7 d'entrées, c'est quand même pas mal ! L'humour des Robins des Bois est un humour qui ne touche pas tout le monde. On n'avait fait qu'un film comique. Je suis fier du résultat parce que c'était exactement ce à quoi nous voulions arriver. Je comprends qu'on puisse ne pas aimer le film, mais je ne comprends pas qu'on s'attaque directement à Chabat ou aux Robins des Bois.

Journaliste : Comment vous est venue l'idée du documentaire ?

Maurice Barthélemy : J'y ai pensé en voyant « When we were kings », de Leon Gast. J'ai voulu reprendre l'esthétique de l'image, de l'époque, et faire référence au mode de narration. J'ai inséré beaucoup de fiction pour casser ce rythme. Le documentaire facilite beaucoup les choses. Pour les interviews, le cadre était fixe… Le film était plutôt simple, donc je me suis dit que je pourrais le réaliser moi-même.

Journaliste : Est-ce dur de jouer un personnage comme Casablanca ?

Maurice Barthélemy : Pas tellement, parce qu'au sein des Robins des bois, je faisais beaucoup de cascades. Ca a été évident de le faire. J'ai fait de la boxe pendant 2 mois et demi, avec un entraîneur qui me formait pour devenir le plus grand champion. C'est un sport de fou furieux : la vigilance, la tactique, le rythme cardiaque qui accélère… Je ne pourrai jamais continuer réellement à en faire. Le personnage de Casablanca est un personnage de comédie burlesque, comme ceux interprétés par Charlie Chaplin, Buster Keaton… Il est incompréhensible ; il parle une espèce de langue à mi-chemin entre le français, l'espagnol, le javanais… Je me suis inspiré de mon beau-père cubain, qui parle comme ça. Il dit tout le temps « Todo match ! », qui veut dire : « Tout va bien, tout marche ».

Journaliste : N'avez-vous pas peur qu'on parle plus d'un film de copains que d'une vraie première fiction ?

Maurice Barthélemy : Pas vraiment, parce que je crois qu'ils sont tous vus comme des acteurs. Ils ne viennent pas uniquement faire leur numéro. Ce n'est pas un film de copains. Travailler avec ses potes, c'est bien, mais il fallait qu'ils collent aux rôles aussi. Et il fallait qu'ils acceptent. Il n'y a que Christian Morin que je ne connaissais pas (il joue le rôle d'un présentateur télé qui reçoit Casablanca dans son émission) . Je voulais vraiment crédibiliser cette scène. Il connaissait le format américain, ces gros shows avec des stars qui hurlent.

Journaliste : Comment avez-vous réussi à trouver le bon équilibre entre interviews, images d'archives et reconstitutions ?

Maurice Barthélemy : Le montage était complexe. L'histoire ne devait pas être inintéressante, en penchant trop d'un côté ou de l'autre. J'ai beaucoup été aidé par le monteur, Fabrice Rouaud, qui n'avait jamais fait de comédies. Il voulait que le personnage ait une vraie consistance, que le film ait un sens. J'ai toujours eu un problème avec le « message ». Aujourd'hui, j'ai l'impression que ce film parle du star-system ; on arrive de nulle part, c'est la gloire, et on est jeté comme des kleenex. C'est une forme de mort au final.

Journaliste : Quels sont vos projets ?

Maurice Barthélemy : Je prépare un film qui s'appelle « Papa », qui raconte le périple d'un père et de son fils qui traversent la France. C'est un drame : le fils mûrit, le père s'infantilise… Le film parle de la génération de pères, nourrie par les jeux vidéos : comment envisagent-ils le rôle de père ? C'est un film beaucoup plus personnel. Le père est joué par Alain Chabat, donc il reste malgré tout dans la mouvance…

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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