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INTERVIEW

CARTOUCHES GAULOISES

Abus de ciné :
Quelle est la part d’autobiographie dans le film?

Medih Charef :
C’est difficile à calculer. J’ai l’impression d’avoir vécu cela comme ça. Mais il faut avouer qu’à partir du moment où je me suis retrouvé en France, j’ai voulu, peut être pas oublier, mais ne …

© Pathé distribution

Abus de ciné :
Quelle est la part d'autobiographie dans le film?

Medih Charef :
C'est difficile à calculer. J'ai l'impression d'avoir vécu cela comme ça. Mais il faut avouer qu'à partir du moment où je me suis retrouvé en France, j'ai voulu, peut être pas oublier, mais ne plus regarder cela. Je n'avais pas envie de venir ici. J'ai en fait beaucoup détesté cette période. Ca n'est qu'à 25 ou 26 ans que les choses ont vascillé. On se dit que les fondations sont mauvaises. Et il faut savoir ce qui ne tient pas, ce qui n'est pas solide. Il faut étudier son enfance.

Avec ce film, je n'ai pas voulu me sauver. Ca n'était pas si important pour moi. Je voulais savoir ce qui s'était passé, pas forcément comprendre. Je n'en éprouve pas de soulagement pour l'instant. Si j'ai toujours peur des réactions des différentes communautés, je suis content d'avoir retrouvé l'enfant en moi.

Abus de ciné :
Vous avez voulu apporter une vérité sur une période sombre?

Medih Charef :
Oui, il m'importait surtout de savoir ce qui à l'époque m'a fait peur, pour pouvoir raconter mon histoire. Mais je voulais surtout raconter l'histoire d'un enfant heureux et d'un autre malheureux de l'indépendance. Ce ne sont là que mes sensations. Je n'ai pas fait de recherches particulières pour ce film.

Un journaliste objecte sur la chronologie des évènements liés à la guerre...

Medih Charef :
C'est avant tout l'histoire de mon village, pas celle de la guerre d'Algérie. C'est un enfant, qui ne sait plus quand c'est arrivé, ni dans quel ordre. Ca n'a pas d'importance.

Abus de ciné :
Vous avez vous même souffert du départ des autres enfants?

Medih Charef:
L'école s'est réduite petit à petit, car les français avaient peur pour leurs enfants. Le moment le plus étrange fut le jour où il n'y avait plus qu'uniquement des algériens dans la classe.

Abus de ciné :
Le titre est à double sens ?

Medih Charef:
C'est bien sûr une allusion aux balles françaises, et aux cigarettes.

Abus de ciné :
Quel a été votre implication, Hamada, dans le film?

Hamada :
Vous pouvez me tutoyer, je n'ai que 13 ans. J'étais le 4ème candidat sur 235 personnes à Oran. J'ai appris l'existence du casting par ma mère, et j'y ai vu l'occasion d'explorer quelque chose de nouveau. J'espérais secrètement être choisi.

Sur le tournage, j'ai eu quelques difficulté sur certaines scènes, notamment celle du marché, qui a pris 3 jours de tournage, et celle de la dispute qui se décomposait en 5 plans et qui a demandé beaucoup de prises. Mais je ne suis pas George Clooney Jr.

Abus de ciné :
Est'ce que le film a changé ta vision de la guerre, par rapport à ce que tu avais appris à l'école ?

Hamada :
Oui, beaucoup. En classe on apprend des dates, on n'est pas quelqu'un qui existait alors. J'ai surtout compris que les gens qui partaient en France savaient qu'ils allaient être détestés là-bas.

Abus de ciné :
Est-ce que vous avaez conscience du fait que le film va bousculer les idées reçues?

Medih Charef :
Oui. Je ne me sentais pas assez solide pour affronter cela il y a 10 ans. J'ai donc mis 10 ans pour l'écrire, j'avais peur qu'on m'accuse de règlements de comptes. Je voulais montrer qu'à l'époque on avait faim, qu'on vivait dans la violence. Je voulais montrer aussi l'affection pour les harkis et les bombes dans les bistrots. Et puis j'ai quand même abandonné des choses très fortes et trsè visuelles, qui ne sont finalement pas dans le film.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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