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Test DVD - LES RENCONTRES D'APRÈS MINUIT

Date de sortie : 4 mars 2014

Dans un luxueux appartement, un jeune couple et leur domestique attendent leurs convives pour participer, comme à leur habitude, à une orgie. Un à un, les différents invités arrivent, mais la soirée dépasse rapidement les promesses attendues…

Ce film-là, on l’attendait de pied ferme sur support numérique. D’abord parce que sa distribution en salles fut pour le moins confidentielle (et c’est franchement regrettable), ensuite parce qu’il fut injustement absent des nominations pour le César du meilleur premier film (idem), enfin parce qu’il aura fait l’effet d’un uppercut sensoriel chez ceux qui auront réussi à investir son cocon visuel et sonore (même si les détracteurs furent tout aussi nombreux). Bichonné par l’éditeur Potemkine, le premier long-métrage de l’ancien journaliste Yann Gonzalez récolte donc une édition de choix, rassemblant le DVD, le Blu-Ray et le CD de la bande originale. Cela dit, on espérait tellement de suppléments à la hauteur du film que le contenu aura vite fait de nous laisser (un peu) sur notre faim…

Menu

La musique de M83 accompagne un menu sobre qui respecte superbement l’esthétisme de l’affiche du film. On n’espérait pas mieux.

Image

L’esthétique du film est ici sublimée par un transfert haute définition d’une très belle précision, qui réussit même à conserver (et c’était le plus délicat) la plastique des scènes tournées en nuit américaine, peut-être d’une façon encore plus évidente que lors du visionnage en salles (voir l’excellent piqué de l’image lors de la scène de transe collective sur la plage). Bien sûr, visionner le film en Blu-Ray sera un énorme plus pour s’immerger à plein régime dans ces rencontres orgiaques.

Son

Pour un film aussi atmosphérique, fonctionnant en grande partie sur l’immersion sensorielle et la montée en puissance de l’émotion par le son et la musique, le mixage en Dolby Digital 5.1 donne un relief hallucinant à la musique composée par M83 et crée un bel équilibre avec l’audition des dialogues. Cela dit, ceux qui râlaient déjà sur l’omniprésence de la musique (soupçon d’un film clippesque ?) et le trop-plein littéraire des dialogues risquent donc de camper sur leurs positions.

Bonus

Scènes commentées par l’équipe
On aurait tant aimé un commentaire audio collectif à la place d’un tel bonus, qui plus est aussi court. Toutefois, en s’attardant sur trois scènes-clés du film (l’ouverture en moto, la résurrection de Matthias, le rêve collectif sur la plage), le réalisateur Yann Gonzalez et ses trois acteurs principaux (Kate Moran, Niels Schneider et Nicolas Maury) parviennent à évoquer autant les conditions de tournage qu’une série d’anecdotes (parfois amusantes) sur les difficultés rencontrées. Il y règne une si bonne humeur dans les échanges que la faible durée du module (à peine 12 minutes !) en devient terriblement cruelle. Oui, on aurait adoré en savoir tellement plus…

Essais costumes
Ce petit module, commenté en voix off par Yann Gonzalez, révèle la plupart des essais effectués avec les comédiens et offre déjà une intéressante perspective sur l’approche des trucages visuels du film (nuit américaine, transparence, etc…), visiblement élaborés très en amont du tournage. Et comme au cours du module précédent, le réalisateur en profite aussi pour révéler avec humour quelques souvenirs du tournage. Sympa, mais là encore bien trop court.

Court-métrage "By the Kiss"
Là, pour le coup, on peut se réjouir d’une telle initiative : les quatre courts-métrages de Yann Gonzalez sont présentés en bonus, et qui plus est dans une qualité technique assez remarquable. Celui-ci impose d’emblée un parti pris assez audacieux : un unique plan fixe de cinq minutes en noir et blanc, où une femme (Kate Moran), cadrée de face contre un mur sombre, se voit embrassée successivement par diverses personnes (hommes et femmes) sans qu’aucun dialogue ne surgisse. La musique hypnotique de M83 orchestre ici une élévation musicale de plus en plus puissante, illustrant du même coup la naissance d’un désir dévastateur chez l’héroïne et d’une émotion tout aussi forte chez le spectateur. En un sens, toute la spécificité mélodique des "Rencontres d’après minuit" est déjà là.

Court-métrage "Les Astres noirs"
Conçu dans le cadre de la collection Canal+ "Écrire pour Julien Doré", ce court-métrage met donc en scène le chanteur gardois et quelques autres personnages (dont Julie Brémond, déjà blonde et extrêmement aguichante) en lycéens mélancoliques et déphasés, filmés dans un décor de carton-pâte qui évoque autant Federico Fellini (son "Casanova" montrait déjà la mer sous forme de sacs poubelle agités) qu’Eric Rohmer (l’une des scènes des "Rencontres d’après minuit" renverra explicitement à l’esthétique du "Perceval le Gallois"). Le goût de Gonzalez pour le mixage des genres (le drame adolescent s’y mêle au film de vampires et à la science-fiction) et les dialogues très (trop ?) écrits est déjà très présent dans ce court, dont la très belle réalisation parvient à sublimer une ode très perceptible à toutes les formes d’art. Bizarrement, on a parfois l’impression de voir des étudiants de Mai 68 qui auraient été téléportés sur l’une des planètes visitées par le Petit Prince. Mais ce n’est là qu’une interprétation subjective…

Court-métrage "Nous ne serons plus jamais seuls"
Il s’agit sans aucun doute du meilleur des quatre courts-métrages proposés. Dès le générique (lettres blanches sur fond gris) et les premières images (un kaléidoscope de cuts agressifs en noir et blanc sur fond de techno industrielle), on se croirait face à une nouvelle expérimentation visuelle de F.J. Ossang, entièrement régie par l’abstraction graphique au détriment de toute recherche de « sens ». Il y a beaucoup de ça dans cet hallucinant court-métrage situé au cœur d’une rave souterraine, mais là encore, c’est la musique de M83 et l’énergie du montage qui ont vite fait de nous transporter dans un monde de sensations inattendues. Avec un fil directeur très clair : une rencontre amoureuse (serait-on déjà « après minuit » ?) entre deux personnages au beau milieu d’un chaos de corps en mouvement, et cette étrange sensation de flottement lorsque le réveil met brutalement fin à la fête. Un régal pour ceux qui veulent se laisser contrôler par la mélodie d’un découpage cinématographique.

Court-métrage "Land of My Dreams"
Toujours accompagné par son égérie Julie Brémond, Gonzalez opte ici pour un Scope couleur au cœur d’un décor empreint de diverses réminiscences cinéphiles (de Tati à Lynch en passant par Wenders), où une jeune femme et sa mère, enfin réunies après des années de séparation, parcourent les coins de Porto avec leur spectacle de striptease. Difficile d’y retrouver l’ambiance mélancolique des autres travaux du réalisateur, mais ce dernier perfectionne ses cadres et sa mise en scène de rapports humains hantés autant par l’état second que par la mélancolie. Et c’est très beau à voir.

Liste des bonus DVD & Blu-Ray
- Scènes commentées par l’équipe (12 min) ;
- Court-métrage "By the Kiss" (5 min) ;
- Court-métrage "Les Astres noirs" (15 min) ;
- Court-métrage "Nous ne serons plus jamais seuls" (10 min) ;
- Court-métrage"Land of My Dreams" (20 min) ;
- Essais costumes (4 min) ;
- CD de la bande originale signée par le groupe M83

Guillaume Gas Envoyer un message au rédacteur

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