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WHO DO I BELONG TO

Un film de Meryam Joobeur

L'ombre du fanatisme

Aïcha, une mère vivant dans une ferme tunisienne avec son mari Brahim et son plus jeune fils Adam, fait un étrange rêve dans lequel Amine affirme que ses deux frères, Mehdi et Amine, « ne reviendront pas ». Tous deux sont en effet partis faire la guerre en Syrie il y a quelques mois. Mais un beau jour, Mehdi est de retour chez eux, se présentant avec une femme intégralement voilée et silencieuse, prénommée Reem. Cette dernière est enceinte de son frère, Amine, et alors que Brahim les considère comme des parias, Aïcha se jure de les protéger…

"Who Do I Belong To" est un drame tunisien, qui tente d'aborder de manière poétique, la noirceur de l'âme, la guerre et le fanatisme, en prenant pour option de flirter avec le fantastique. D'une élégance rare en termes de décors et de photographie, trempée dans des coloris aux dominantes de bleus et gris, ou de l’étrange présence d’un violet autant que fleurs que tissu, le film se drape d'un voile de mystère et de surnaturel, avec la présence énigmatique d'une figure féminine, en apparence soumise par son niqab et son absence de paroles. Accumulant les disparitions autour du village, l'intrigue, chapitrée en 3 parties (Les conséquences, Une ombre émerge, L'éveil), s'envenime dès la seconde partie, se parant de flash-back mystérieux, de symboles partiellement décryptables et de personnages extérieurs au foyer qui pourraient bien mettre en danger ceux qui ont trouvé refuge ici.

Car c'est au travers de la figure protectrice de la mère, douée de rêves prémonitoires, que l'histoire va prendre progressivement tout son sens. Si la troisième partie du métrage tâche d'apporter quelques éclairages qui font froid dans le dos, c'est surtout dans la question d'une culpabilité collective de la gent masculine que réside le message du film. Du fossé entre jeunes combattants aveugles et parents aspirant à un bonheur simple, aux détournements de la religion pour justifier les pires atrocités, en passant par la soumission de la femme ou la haine de l'autre, "Who Do I Belong To" lève un coin de voile sur la réalité des actions des groupes djihadistes, tout en suggérant que le mal s'est répandu bien au-delà, dans toute la société et depuis longtemps.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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