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WEEK-END

Un film de
Avec

Un moment à part

Il est de ces petits films dont le final, pourtant quasi connu depuis le début, vous prend littéralement à la gorge. De ces moments de cinéma durant lesquels vous partagez les destinées de deux personnages dont les caractères vous touchent peu à peu et dont les interactions respirent un indéniable naturel. « Week-end » fait partie de ces productions au budget ridicule dont émane une magie, une émotion envahissante, grâce autant aux interprètes qu'à des dialogues d'une intelligence rare.

D'une situation des plus banales – la rencontre entre deux homosexuels un vendredi soir - , Andrew Haigh tire les grandes lignes d'une attraction irrésistible. À la micro échelle de cette fin de semaine comme les autres, se jouent ainsi une rencontre, des retrouvailles et une séparation (indiquée dès le début). Petit à petit, une intimité se profile, entrecoupée par de naturelles pulsions charnelles, dessinant un couple potentiel charmant, qui ose se dire nombre de vérités, surtout lorsque font leur effet diverses drogues douces.

Mine de rien, « Week-end » aborde, par le biais de l'intime, des sujets presque politiques. Pourquoi les homos devraient ne pas parler de leur vie sexuelle pour éviter de déranger les hétéros ? En quoi l'affichage en public de l'affection entre deux hommes, en se tenant la main ou s'embrassant, serait-il moins un droit ? Ici Glen refuse cet état de fait, le conceptualise, et passe à l'action. Lorsqu'il voit un jeune homme se faire agresser, il ouvre la fenêtre et pousse un cri : « Je vais descendre, et vous défoncer vos trous du cul » ! Il n'a pas peur. Dans un bar, il entre en conflit avec un homme qui les trouve, lui et ses amis, trop bruyants, en posant la question fatale : s'ils ne parlaient pas d'homosexualité, leur « bruit » serait-il toujours aussi dérangeant ?

Mais « Week-end », récompensé par le Grand prix et le Prix du meilleur réalisateur au Festival LesGaiCineMad de Madrid 2011, vaut surtout par la finesse de la description de ses deux personnages principaux, un timide maître nageur et un artiste bavard, et par l'interprétation qui en est faite. Chris New amuse par ses petites bizarreries, enregistrant le récit des rencontres de ses mecs. Tandis que le personnage de Tom Cullen arbore une vision de la vie à la limite de la naïveté, souhaitant ses amis comme bienveillants et défendant une vision du mariage gay comme celle d'un bel engagement, tout en s'avouant lui-même incapable d'agir avec liberté en dehors de son « chez lui ». Un peu distant au départ, il se dévoile peu à peu comme un idéaliste perdu au milieu d'une histoire qui va rapidement compter. Comme quoi ce ne sont pas forcément les moments qui durent qui vous transforment le plus.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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