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UNE PETITE ZONE DE TURBULENCES

Un film de Alfred Lot

Une jolie fable sur les difficultés à afficher son amour

Jean-Pierre, hypocondriaque, découvre une tache sur sa peau et commence à ne pas se sentir très bien ! Il cache à sa famille son possible cancer et doit faire face à une avalanche de soucis supplémentaires : sa fille annonce son mariage avec celui qu’il surnomme Bac -6, il surprend sa femme avec un autre homme et il n’assume toujours pas que son fils fréquente des hommes… Jean-Pierre espère alors que cette toute petite zone de turbulences va vite se dissiper…

« Bienvenue dans la famille ! », lance un des personnages à son compagnon. L’expression « On ne choisit pas sa famille » pourrait être étendue avec « On ne choisit pas sa belle-famille » ! Michel Blanc a plongé dans cet univers des liens familiaux et a écrit une savoureuse comédie autour de personnages qui s’apprivoisent, se refusent, se détestent, s’ignorent ou ont du mal à exprimer leurs sentiments et surtout leur amour…

Michel Blanc, pour l’écran, a écrit le scénario et les dialogues d’après un roman anglais. Il reste donc quelques touches d’humour "so british", matinées d’une pointe de noirceur, mais le film ne tombe jamais dans la clownerie grasse et de bas étage, comme le cinéma français sait parfois si bien le faire.

Alors ici on comprend le bonheur des comédiens à interpréter des rôles aussi bien construits, avec des dialogues savamment écrits, comme quand Mélanie Doutey lance à son fiancé « Qu’est-ce que t’as dans la cervelle ? Une photocopieuse à connerie ? », ou comme quand le jeune Cyril Descours cherche des excuses à « Tu sens le vomis ? » en répliquant « C’est pas le mien, c’est celui d’un autre ! ».

On se délecte donc du savoir-faire, ou plutôt du savoir-écrire, de Michel Blanc, ceci tout au long du film. Les comédiens, tout en justesse et finesse, s’en donnent donc à cœur joie. Des vétérans comme Miou-Miou et Michel Blanc, impeccables, aux confirmés Mélanie Doutey et Gilles Lellouche, parfaits, en passant par la jeunesse et la fougue de Cyril Descours et Yannick Renier qui ont, à n’en pas douter, une longue carrière devant eux.

Seule la réalisation peine un peu à suivre. Le film démarre plutôt mollement, avec davantage de sourires que de rires, mais le rythme et la machine s’emballent pour enfin laisser place aux fous rires. C’est Alfred Lot qui se retrouve derrière la caméra. On l’avait laissé avec un premier film (« La Chambre des morts », en 2007, déjà avec Gilles Lellouche, Nathalie Richard et Eric Caravaca) qui baignait en plein polar. On le retrouve donc dans un tout autre registre, certes pas le plus facile, et auquel il peine à donner le rythme qu’il faudrait.

Néanmoins, cette comédie sentimentalo-familiale, devient une jolie fable optimiste sur les problèmes de compréhension dans le couple, et surtout sur les difficultés à afficher son amour. Chacun pourra se retrouver dans la pléiade de personnages, et vous devriez rapidement adopter les membres de cette famille légèrement folle… sauf erreur grossière de ma part !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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