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TOUCH ME NOT

Un film de Adina Pintilie

Un film bancal sur le rapport au corps et au toucher

Une cinquantenaire incapable du moindre contact physique, un handicapé qui clame son droit à une sexualité, et un homme ayant perdu ses poils et ses cheveux à l'âge de 13 ans, jamais ému par ceux qui l’entourent, recherchent chacun à leur manière le contact des autres...

"Touch me not" est un film à mi chemin entre fiction et documentaire, s'intéressant au rapport au toucher (au sens propre comme au figuré) d'un trio de personnes ayant chacune un problème avec son propre corps et avec le contact avec d’autres. D’emblée, la réalisatrice choisit de montrer les corps, nus, leur grain de peau, leurs tatouages, leur contact avec l’eau. Dans une crudité frontale et sur des fonds souvent immaculés, ils provoquent un étrange mélange de malaise et de fascination.

Intrigué le spectateur assiste à cette pseudo histoire en forme thérapie de groupe, Adina Pintilie faisant rencontrer à ses personnages, d'autres êtres plus conscients de leur nature ou de leurs désirs (une transsexuelle, un groupe sado-maso...), et qui les aideront à avancer. Choisissant de se mettre elle-même en scène dans certains moments, de manière désincarnée dans un premier temps, au travers d'un écran avec lequel les protagonistes dialoguent, puis en chair et en os, elle dévoile également ses propres fêlures.

Mais malheureusement son histoire finit par parasiter le propos, sur l’envie d’un retour dans le monde ou d’être celui qu’on souhaite (l’handicapé, qui affirme n’être qu’un « cerveau » que l’on déplace, avoue fort justement que « dans les rêves on peut être qui on veut »), pourtant porteur d’une émotion qui ne perce jamais. Quant aux quelques scènes en sex-club, souvent peu en rapport avec le sujet de départ, elles agacent rapidement, face à l’effet stroboscopique hypocrite, cachant à peine ce qui est déjà trop montré. Un film dérageant, récompensé d’un incompréhensible Ours d’or au Festival de Berlin 2018, qui certes pose de vraies questions sur le rapport au corps, mais s'égare en route faute à une réalisatrice trop intrusive et à un goût inutile pour le voyeurisme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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