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THE THIRD MURDER

Un film de Hirokazu Kore-eda

Une vision désenchantée de la justice

Un célèbre avocat japonais en charge de la défense d’un homme ayant déjà avoué le meurtre de son patron, dont le corps a été retrouvé calciné le long d’une rivière, tâche d’enquêter sur les dires de celui-ci et de réunir des témoins. Mais plus l’enquête avance, plus il semble convaincu que cet homme, autrefois déjà emprisonné pour meurtre, n’a pas commis ce dernier méfait…

Le réalisateur japonais Kore-Eda, habitué des chroniques familiales où les enfants ont souvent un rôle central, lorgne pour une fois du côté des polars poisseux, à la façon de son compatriote Kyoshi Kurosawa. En empruntant les codes, pour mieux les détourner au profit d'une de ces histoires humaines dont il a le secret, il s’intéresse aux agissements d’un avocat et de son équipe, visant à trouver la meilleure défense pour leur client, accusé du meurtre de son employeur, qu'il a certes avoué, mais dont le mobile est rapidement mis en doute.

Autour de trois personnages principaux (le prisonnier, l'avocat, la fille de l'employeur) auxquels vient s’ajouter la juge, l’intrigue se focalise sur les motivations des uns et des autres, leurs mensonges respectifs, la valeur de la vérité, la puissance d’une stratégie de défense, dessinant des alliances inattendues et quelques jolis retournements de situation. Le metteur en scène, lui, s’amuse à utiliser cette vitre de parloir qui sépare le supposé coupable du supposé justicier, comme un symbole de ce qui les sépare ou au contraire les unit. Il met en avant devinettes, jeux de dupes et histoires que l’on décide de raconter, pour mieux berner le spectateur et l’obliger à s’interroger.

Kore-Eda livre ainsi une réflexion fort pertinente sur la notion de justice, multipliant les versions et donc les fausses pistes. Loin d'être cependant son meilleur film, "The third murder", s’avère résolument complexe et cérébral, et fera office d'objet à part dans sa filmographie, tout en mettant une nouvelle fois en avant son don pour les portraits d'enfants comme d'adultes blessés. Une œuvre qui s’appuie sur la noirceur de l’âme humaine, pour mieux faire place à une lueur d’espoir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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