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THE CRAFT

Un film de Zoe Lister-Jones

Un film de son temps

Lily et sa mère viennent d’emménager chez le charismatique Adam et ses trois fils. Après un premier jour éprouvant au lycée, Lily fait la connaissance de trois filles : Lourdes, Frankie et Tabby. Le hasard fait bien les choses semble-t-il : ces trois apprenties sorcières viennent de trouver la compagne qui leur manquait pour faire passer leur magie au niveau supérieur…

The Craft les nouvelles sorcières film

"The Craft" est un pur produit des années 2020, aussi bien par les thèmes qu’il aborde que par son esthétique. Comme son prédécesseur de 1996 ("Dangereuse Alliance"), auquel il fait pleinement référence, il se veut le miroir d’une époque, de ses préoccupations et de ses fascinations.

"The Craft" est un film de sorcières, thème ô combien populaire aujourd’hui, depuis qu’il est réinvesti par les mouvements féministes qui voient dans cette figure un emblème de la lutte contre le patriarcat. Les nouvelles sorcières de "The Craft" incarnent la féminité dans sa diversité. Elles sont toutes d’ethnies différentes et possèdent un style bien à elle. Et on pourra regretter qu’encore une fois, la protagoniste soit la blanche et qu’elle soit également de loin la plus puissante.

Par rapport à l’opus précédent, on peut noter un changement dans l’intrigue, ceci afin d’éviter un problème des filles qui s’humilient entre elles. Le thème n’est cependant pas évacué et permet de créer un rebond narratif pertinent. "The Craft" se saisit également du thème de la bisexualité. En effet, ici la traditionnelle relation amoureuse est subvertie : la brute au cœur tendre, rendue violente par son mal-être intérieur, gagne en profondeur pas sa confrontation à cette problématique. On regrettera hélas le manque criant de finesse de ces scènes. Un point pour la représentation donc, zéro pour la subtilité.

Le film a également le mérite de s’interroger sur la masculinité et ses nouvelles formes. Chacun des fils de David, le « nouveau » beau-père, incarne à sa manière une forme de masculinité plus ou moins classique dans les films de lycées, et le personnage que lui-même campe, coach en développement personnel auprès d’hommes en mal de virilité, vient questionner ces nouvelles réalités sociales. Ainsi, face à la prégnance de toutes les problématiques de genre, la lutte sororicide du premier film, laisse ici place à une guerre contre le patriarcat.

Enfin, ce film, discrètement, en réinvestissant le traditionnel teen movie, montre une jeunesse qui est loin d’être insouciante ou peu réceptive à toutes ces problématiques ; une jeunesse qui est loin de l’inconscience qu’on lui prête et de l’inconséquence à laquelle elle est souvent réduite. Si le drame se produit ici, c’est parce que quelqu’un n’a pas respecté les règles et a considéré le pouvoir comme un jeu. Nous sommes loin de l’inconsistance du premier film, ou d’autres films de lycéens comme "High School Musical", dans lesquels la problématique essentielle, hors des enjeux romantiques, était la popularité.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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