SUGAR MAN
Une possible revanche
L'histoire de ce Sud Africain bien décidé à retrouver la trace d'un artiste devenu culte en Afrique du Sud, mais totalement inconnu dans son pays, nous offre une incroyable tranche de vie : celle de Sixto Rodriguez. Et il s'agit à la fois d'une malédiction et d'un conte de fée, qui finalement tombe à pic en cette période de fêtes. Car comme les habitants de la ville de Détroit où a été découvert l'artiste, nous avons en ces temps de crise, besoin de croire en quelque chose, de retrouver l'espoir en une reconnaissance qui se fait de plus en plus rare.
Le documentaire s'ouvre avec celui qui a déclenché chez le réalisateur, à la fin des années 90, l'envie de réellement enquêter sur le passé de cet illustre inconnu. On nous présente ainsi Stephen Segerman (au doux surnom de « Sugar man », depuis l'armée, titre d'une chanson de Rodriguez lui-même), un habitant du Cap, ayant lancé un appel dans l'édito d'une réédition de son deuxième album, à un éventuel « enquêteur en musicologie », pour mieux connaître cet artiste qui a eu tant d'influence dans son pays. Pris au jeu, le journaliste, nous raconte, sans se mettre en avant, ce qu'il a découvert.
Il nous entraîne alors dans une incroyable histoire de paroles politiques, de misère urbaine, de poète maudit, mais aussi de révolution qui couve et d'arnaque probable aux royalties, dessinant un destin à part, réservant bien des surprises. Le film change ainsi de ton, commençant à la manière d'un sombre reportage social, pour prendre une tournure porteuse d'espoir et débordant d'émotion. Une bonne surprise qui montre à la fois la dureté du monde et les possibilités de revanche qui s'offrent parfois à quelques uns, pour obtenir enfin la reconnaissance qu'ils méritent. Tout peut arriver.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur