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STORIES WE TELL

Un film de Sarah Polley

Points de vue forcément partiels et partiaux

Sarah décide d'interviewer ceux qui ont connu sa mère, disparue. Comme eux, elle ne sait pas rop ce qui va ressortir de ces regards croisés, de ces histoires que l'on raconte...

En ouvrant la boîte noire du passé familial, Sarah Polley ("Loin d'elle", "Take this Waltz") ne savait pas vraiment où elle mettait les pieds. Dans les premières scènes du film, c'est d'ailleurs la sensation de doute qui prévaut, avec la mise en place des caméras, pour des interviews séparées de ses frères et sœurs, et de son père, tous chargés d'apporter leur point de vue sur la personne de la mère, décédée d'une longue maladie. Mais ce qui sortira de ces interviews et des archives familiales à disposition, révélera des secrets et différentes vérités, qui inciteront finalement la réalisatrice canadienne à mettre en scène des reconstitutions de souvenirs, tournés à la manière de films de famille, en caméra super 8.

Car sans aucun voyeurisme, au travers de ce portrait d'une mère à peine connue, Sarah Polley nous propose une interprétation de toutes ces histoires que les uns et les autres racontent, avec leurs mots, leur propre angle de vue, forcément influencé par son vécu et son ressenti de la situation. À force de délicatesse, et de persistance à creuser autour de rumeurs de liaisons qu'aurait eu sa mère lors de représentation d'une pièce, elle finit par faire sortir certaines vérités, moins douloureuses qu'elles n'en ont l'air, et par faire ressortir les frustrations de ses frères et sœurs (maltraités par leur belle mère...) ou d'amis de la famille.

Habilement monté, "Stories we tell" avait fait l'événement au Festival de Venise 2012 dans la section Journées des auteurs (Venice days), de par sa capacité à provoquer une émotion brute, chacun pouvant s’imaginer à la place de chacun de ces « personnages », êtres humains sensibles et subjectifs. Une phrase prononcée par l'un des hommes interrogés est d'ailleurs fortement significative, indiquant sur la fin, que le film n'est pas celui qu'il aurait voulu, et que seule sa version aurait due être recueillie, et constituait une description de la vérité. Un film captivant, dont on ressort secoué, et qui a le mérite de montrer que toute situation est bien plus complexe qu'elle n'en a l'air.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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