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THE SMELL OF US

Un film de Larry Clark

Quand Larry Clark tourne en rond avec ses personnages

Math, Marie, Pacman, JP, Guillaume et Toff forment une bande de potes, qui se retrouve chaque jour au Trocadéro pour faire du skate, se droguer, regarder des films pornos sur leurs téléphones...

Toujours autant captivé par les errances de la jeunesse, Larry Clark ("Kids", "Bully", "Ken Park") transpose ses personnages d'adolescents déboussolés dans un Paris plutôt aisé, où chaque adolescent, livré à lui-même, trouve dans le sexe - sa pratique libre ou pour l'argent, voire son observation - un exutoire à un mal être qu'on a du mal à cerner et dans lequel bien peu se retrouveront.

La thématique est certes regardée sous toutes les coutures, montrant une fascination pour un argent facile qui signifie seulement une certaine indépendance et un rapport aux adultes fortement vicié, entre attraction associée à un désir de domination (la scène de succion des pieds...) et répulsion (celle avec la mère alcoolique). Mais les expérimentations multiples de ces jeunes, entre voyeurisme (celui qui filme tout, les vidéos qu'ils s'échangent...) et prostitution amatrice, ne montrent au final qu'un vain désœuvrement.

Certes Larry Clark est devenu expert dans l'art de montrer le glauque, mais il ne réussit ici ni à poser les bases de la rébellion de ses personnages, faisant au passage des parents (montrés sur le tard) indirectement les victimes de leurs actions (colère, alcoolisme...), ni à leur donner une quelconque épaisseur. Scrutant certes l'ennui qu'on noie dans l'alcool, la drogue et une sexualité de plus en plus vide de sens, la recherche d'identité est ici réduite à néant, comme annihilée par une société à deux vitesses, d'où la beauté semble avoir disparu.

De plus, la provoc' gratuite usuelle, entre slip qui se tâche et plan filmé suffisamment au ras du sol pour voir la chatte de celle qui pisse (quelle utilité ? À part faire le buzz...), donne ici l'impression que le scénario tourne simplement à vide. "The Smell of us" est au final à conseiller surtout à ceux qui se repaissent d'images crues, le trop d'étalage ayant définitivement ici atteint ses limites.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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