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LE SECRET DE CHANDA

Un film de Oliver Schmitz

La peur de la maladie

Chanda doit se rendre aux pompes funèbres à la place de sa mère, pour préparer l'enterrement de sa petite sœur. S'occupant seule de sa mère malade, elle est aidée par la voisine, sorte de matrone plutôt influente dans le quartier...

"Life above all" (« Le secret de Chanda », en français) s'ouvre sur l'enterrement annoncé d'une petite fille, Sarah, sa sœur Chanda se rendant aux pompes funèbres pour choisir un cercueil, à la place de sa mère, souffrante, et de son beau-père, alcoolique notoire. Son entourage est rapidement décrit comme d'une instabilité particulière. Le fameux beau-père apparaît comme potentiellement violent, passant son temps à se frapper la tête à coup de pierres pour « faire sortir les démons ». La tante qui rend visite à la famille s'avère cruelle et distante, la mère ayant refusé par le passé un mariage arrangé. Enfin, la meilleure amie est exclue car elle porte des jupes jugées un peu trop courtes pour son âge.

Malgré tout, c'est auprès d'elle que Chanda trouve un peu de réconfort. Après un serment d'amitié, elle va lui ouvrir sa porte, sans se rendre compte des ennuis qui l'attendent. Dans un magnifique cinémascope, l'Afrique du Sud est ainsi dépeinte au travers des relations d'une famille fragilisée, aidée par une voisine influente, mais trop soucieuse de la réputation de chacun. Dans l'atmosphère moite et pestilentielle d'un quartier noir qui se voudrait bien propret, se déroule donc un cruel récit d'exclusion, basé à la fois sur les actes supposés de chacun (prétendue prostitution de la meilleure amie...) et sur une maladie qui rode, mais dont on tait en permanence le nom: le SIDA.

Le scénario pointe également les dysfonctionnements du système de santé (hôpitaux sans réelles urgences, faux docteurs dont personne ne sait lire les intitulés des diplômes et qui pratiquent des prix exorbitants...), et la tendance des populations à se tourner encore vers la superstition (appel à des marabouts qui extirpent des serpents du corps des malades, rituels diverses...). Dans un enchaînement d'évènements plus malheureux les uns que les autres, vers une rebellion face à la dictature des apparences, qui voudrait qu'on cache les malades, et grâce à une interprétation remarquable des deux jeunes filles, Khomotso Manyaka et Keaobaka Makanyane, au final une indéniable émotion pointe son nez.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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