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S21

Un film de Rithy Panh

Édifiant

Le 17 avril 1975, le coup d’État des Khmers rouges renverse le Prince Sihanouk et marque le début d'une dictature communiste, considérant tout opposant comme un ennemi, et visant à séparer les familles, briser les individus, pour mieux contrôler le peuple. S21 était l'un des lieux d'emprisonnement et de torture de ces « ennemis » du régime...

En choisissant de revenir sur l'un des lieux symboliques des exactions des Khmers rouges, le centre S21, et d'ouvrir ce que l'on appelle ses archives, le réalisateur cambodgien Rithy Panh ("Les Gens de la rizière") nous convie à être les témoins d'un douloureux exercice de mémoire. Commençant par quelques témoignages d'anciens prisonniers de ce régime qui fit près de 2 millions de morts, il a l'intelligence de les mettre face à leurs bourreaux, ces gardiens qui les persécutaient et participaient au processus de torture.

Car si "S21" met particulièrement quelque chose en évidence, c'est l'absurdité de ce système, de ses règles d'interrogatoire, laissant lire, entre biographies et confessions forcées que doivent écrire les prisonniers, et délation de supposés réseaux d'opposants, l'inévitable issue. Pour aborder les souffrances quotidiennes des jeunes gens enfermés en ces lieux immondes, l'auteur, ne disposant que d'images d'archives montrant les travaux dans les champs, fait appel aux peintures d'un survivant, reconstituant certaines scènes édifiantes de son parcours, et les gestes et menaces rejoués par les anciens gardiens. L'émotion se dégage peu à peu, alors que le désir de comprendre des uns, rencontre l'incapacité à justifier des autres, autrement que par leur obéissance et leur propre désir de survie. Édifiant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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