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THE ROVER

Un film de David Michôd

CONTRE : Niveau 0 - Road trip à l'hémoglobine

Dans un futur proche, l’effondrement de l’économie occidentale a transformé la société australienne en un territoire moribond sans règles ni lois, où survivre devient un combat quotidien pour les survivants. L’un d’eux, Eric, a tout laissé derrière lui sauf sa voiture, qui lui tient étrangement à cœur. Le jour où il se la fait voler par un gang de trois personnes, il se lance à leur poursuite en compagnie de Rey, le frère simplet et abandonné de l’un des voleurs. Les deux hommes vont faire équipe pour un voyage dont ils ne peuvent soupçonner l’issue…

Trois ans après "Animal Kingdom", David Michôd revient avec un thriller d’anticipation hypnotique, dans lequel les fondements de la société se sont effondrés et la loi du plus fort et du mieux armé règne. Dans le contexte d’un monde dans lequel plus rien ne semble avoir de valeur, et où les crimes restent impunis (sauf s’ils sont commis envers les aborigènes), le combat d’un homme pour récupérer sa voiture semble bien futile. Et pourtant, toute l’intrigue et la tension du film reposent sur le mystère qui plane autour de cette quête et sur ce que pourrait contenir cette voiture, de si précieux, qui mériterait une course poursuite impitoyable, violente et sanglante.

Pour entretenir cette atmosphère lancinante et pesante, Michôd a laissé peu de place au dialogue, préférant filmer les comportements agressifs, voir animaux, de ses personnages. Il a également choisi une bande son dépouillée et angoissante, qui évoque le bruit métallique de portes grinçante de western... Ainsi les spectateurs n’ont pas d’autres choix que de se concentrer sur les visages et la respiration des personnages, qui évoluent avec difficulté dans un territoire hostile et aride. Ce sont peut être ces figures stylistiques et cette ambiance qui feront en décrocher plus d’un, perdant rapidement l’intérêt de cette histoire, et surtout impatient de voir où on veut l’emmener. En effet, si on comprend bien que le réalisateur nous met à la place de Rey, le personnage interprété par Robert Pattinson – un type agonisant et un peu naïf – devient le compagnon de route d’Eric malgré lui, et se laisse transporter, sans trop savoir pourquoi, dans une direction qu’il n’a pas forcément envie de prendre… le spectateur aussi.

Même si l’on peut saluer la prestation de Robert Pattinson, qui n’hésite plus à abîmer son image de beau gosse depuis "Cosmopolis" de David Cronenberg, et celle de Guy Pearce méconnaissable les premières minutes, ce sanglant road trip à la "Mad Max" met beaucoup trop de temps à se mettre en place. Alors certes, "The Rover" (à traduire par « le vagabond », et non pas la marque de voiture !) pose la question de la valeur de la vie humaine dans un monde sans foi ni loi, et sera pour certains un bel essai philosophique sur ce que pourrait être le monde de demain, mais malheureusement il ne prend tout son sens que dans les cinq dernières minutes, et avant ça, il reste 1h45 à tenir…

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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