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RICARDO ET LA PEINTURE

Un film de Barbet Schroeder

Un positionnement mûrement réfléchi, débouchant sur une vraie leçon d’Histoire de l’art

Ami depuis 40 ans avec le peintre français d’origine argentine Ricardo Cavallo, Barbet Schroeder prend le parti de suivre son quotidien. Une manière de revenir peu à peu sur cette passion exigeante qui a fini par devenir une carrière…

Ricardo et la peinture film documentaire documentary movie

"Ricardo et la peinture" est un documentaire dont le sujet, un peintre qui paraît d’un autre temps, véritable encyclopédie d’Histoire de l’art, fascine. D’abord, car l’homme ne semble pas avoir varié d’un iota dans son mode de vie depuis des années d’étude et de survie dans une chambre de bonne de Neuilly, qu’il qualifie de pas si difficiles. Voulant vivre à la même température que la nature qui l’entoure, il garde en permanence une fenêtre ouverte dans sa maison bretonne qu’il ne chauffe pas. Soucieux de bien traiter ses amis, il indique cependant qu’il ne peut imposer ses habitudes à ses visiteurs, qui ont droit à un petit radiateur d’appoint. L’équipe du film aura même droit d’adopter tout au long du tournage son régime alimentaire... fait uniquement de riz. Ensuite, car l’artiste continue inlassablement de creuser le même sillon, revenant sur ses maîtres à penser (il lit et relit des livres clés, retourne voir ses maîtres au musée...), et utilisant une technique grecque ancienne (des dalles de bois avec tissu collé et enduit) pour parvenir à des tableaux qu’il retravaille sans relâche, parfois sur des années, jusqu’à obtenir un résultat qui le satisfasse.

Barbet Schoeder ("L'avocat de la terreur", "La Vierge des tueurs") capte leurs conversations amicales passionnantes, montrant un homme habité par son art, avide de connaissance, toujours dans la simplicité (voir la scène hallucinante où il sort des tableaux immenses de sa cave de Neuilly, et la gestion presque naturelle du passage de celles-ci d’un étage à l’autre). Il suit dès la première scène l’artiste face à la démesure de la nature (dans une grotte maritime où il doit emmener tout son attirail, pour seulement quelques heures de travail avant la marée), où il refuse que l’homme donne l’échelle et souffre de la disparition d’éléments face auxquels il a passé tant de temps (un hêtre ancien, aujourd’hui réduit à une souche...). Interposant certaines œuvres, illustrant les comparaisons portées par son sujet, le réalisateur livre le portrait attachant d’un impressionnant artiste, aussi centré sur son art que sur celui des autres, et soucieux de transmettre la peinture comme « une arme pour avancer dans la vie ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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