Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

RESIDENT EVIL : CHAPITRE FINAL

Un film de Paul W.S. Anderson

Game over, enfin !

Alice a survécu à la terrible bataille de Washington contre les zombies, mais elle fut de nouveau trahie par les huiles d’Umbrella Corporation. Errant en solitaire au beau milieu d’une planète devenu un tas de cendres, elle découvre l’existence d’un anti-virus qui permettrait d’anéantir enfin le T-Virus. Pour cela, elle doit se rendre là où tout a commencé : le Hive de Raccoon City…

Putain, quinze ans ! Quinze ans que les époux Jovovich-Anderson nous assomment avec leur science-fiction du mauvais goût, déballée sous la forme d’un gros marshmallow pseudo-horrifique avec juste le titre "Resident Evil" pour faire joli sur l’affiche. Parce que, oui, plus les épisodes de cette saga médiocre se suivent, plus ils réussissent à s’éloigner du jeu vidéo éponyme de Capcom, qui réussissait à être ultra-oppressant et ultra-gore là où ses duplicatas filmiques se contentent d’être ennuyeux et de faire couler à peine un dé à coudre de tripaille. Mais ne nous voilons pas la face : à force de suivre le fil d’une intrigue toujours plus tarabiscotée, on voyait bien ce que cachait réellement cette franchise. Parce que les zombies, le jeu vidéo, le découpage, le cinéma en général, tout ça, Paul W.S. Anderson s’en fiche comme de son premier caleçon. Tout ce qui compte pour lui, et les deux derniers épisodes – blindés de ralentis à gogo et de plans fixes interminables – l’ont bien démontré, c’est de filmer sa Milla d’amour en plein combat, sous tous les angles et dans toutes les positions, un peu comme si cette dernière ignorait que bastonner des zombies maquillés à la Patafix n’avait rien à voir avec le fait d’expérimenter le contenu d’un DVD sur le Kâma-Sûtra.

Du coup, comme annoncé par la fin de l’opus n°5, ce "Chapitre final" allait porter dignement son titre. On pouvait néanmoins s’interroger sur la marche à suivre pour Paul W.S. Anderson, sachant que les épisodes précédents – de plus en plus bidons car dénués de la moindre idée intelligente – en étaient arrivés à enchaîner les mille et une façons de rendre une histoire plus incompréhensible et portnawak qu’elle ne l’était déjà à la base, histoire que la saga continue d'inonder les salles toutes les années paires. D’où une Alice dépourvue de charisme (et avec Milla qui fronce les sourcils non-stop, c’est bien normal) qui se perdait dans un capharnaüm narratif de premier choix, à base de clones, de clones de clones, de réalité virtuelle, de personnages qui ressuscitent sans raison et autres dégueulasseries visuelles à nous faire presque regretter les navets vidéoludiques d’Uwe Boll. Du coup, pour se sortir d’un bordel scénaristique que l’on ne cherchait même plus à comprendre, Paul a trouvé la grande idée : lancer les festivités en introduisant une sous-intrigue méconnue jusqu’à présent, qui, en plus de nous faire deviner le twist final en deux minutes chrono, constitue l’épicentre d’un scénario qui va ramasser les miettes de ses méfaits les uns après les autres. En gros, ce sixième et dernier "Resident Evil" ne laisse plus aucun mystère sur ce qui concerne l’enjeu de cette invasion zombie, les plans cachés des huiles d’Umbrella ou la véritable identité d’Alice. Le souci, c’est qu’on n’est pas tiré d’affaire pour autant.

De loin l’épisode le plus calamiteux (car le plus malhonnête) de la saga, ce chapitre final achève de prouver à quiconque ne l’aurait pas compris que Paul W.S. Anderson, vantant ici et là son talent à grands renforts d’interviews surréalistes que l’on vous conseille d’ailleurs de lire, brasse beaucoup de vide, raclant les poubelles de l’opportunisme avec une hypocrisie peu commune. Non content de filmer des situations débiles avec un premier degré totalement hors-sujet, le bougre passe quand même trois quarts d’heure à pomper sans vergogne "Mad Max Fury Road", iconisant ici et là son égérie en Furiosa discount qui cogne les vilains et flingue les zombies (l’inverse marche aussi). Pour le reste, Anderson n’ayant rien d’autre à faire que de raccorder les wagons d’un train fantôme en décomposition, la saga s’achève progressivement dans la honte carabinée, enchaînant des scènes d’action illisibles et blindées de cuts épileptiques (on ne serait pas étonné si on découvrait qu’Olivier Megaton était au montage) avec des ficelles narratives à peine croyables qui font se croiser grossièrement des complots improbables avec du clonage en poupées russes. Face à un tel étalage de laideur visuelle et de médiocrité scénaristique, on a clairement l’impression d’être pris pour des buses, surtout au vu d’un plan final qui semble même hésiter à poser un point final sur l’intrigue. Mais comme on sait que c’est désormais fini, on peut soupirer et passer enfin à autre chose.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire