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LA RANÇON DE LA GLOIRE

Un film de Xavier Beauvois

Une comédie faiblarde, en forme d'hommage à Chaplin

À sa sortie de prison, Eddy trouve refuge chez un ami, Osman, qui lui propose de l'héberger dans une caravane. Ce dernier, qui lui est redevable, vit avec sa fille, et rend visite régulièrement à sa femme malade à l'hôpital. Mais rapidement les mauvaises habitudes semblent reprendre le dessus, et après avoir fait quelques cadeaux de Noël suspects, Eddy propose à son pote une nouvelle arnaque : kidnapper la dépouille d'un homme célèbre, Charlie Chaplin...

Avec « La Rançon de la gloire », Xavier Beauvois s'amuse d'un fait divers datant de début 1978, l'exhumation du cercueil de Charlie Chaplin par deux ravisseurs amateurs, quelques temps après son décès à Noël 1977. Non content de tenir là un sujet en or, permettant de mettre en exergue l'amateurisme de ses deux larrons d'anti-héros, l'auteur se fourvoie dans un hommage maladroit au génie du cinéma muet. Et si le film tente aussi de dépeindre des personnages enlisés dans la misère, dont « les vies ne seront jamais du cinéma », son aspect social ne dépassera jamais le stade de l'anecdotique.

Car Xavier Beauvois livre ici une comédie désabusée qui peine à convaincre, jouant sur le fait que « la bêtise n'a aucune limite », la maladresse et la naïveté de ses personnages (au premier coup de fil, l'un demande « passez-moi monsieur Chaplin », plus tard l'autre fera « un geste commercial »), mais aussi sur leur chance (la première arrestation lors de la remise nocturne de l'argent...). Mais seules au final les scènes faisant entrer en lice Peter Coyote et la police sont vraiment drôles, livrant au passage quelques explications fantasques sur cet enlèvement (3 rançons différentes ont déjà été demandées...).

Au final, les deux personnages principaux, dont la nature des liens est expédiée en de rapides scènes, semblent moins intéresser l'auteur de "Des hommes et des dieux" et « Le Petit lieutenant », que la succession d'événements. Leur différence de caractères, de manière d'aborder la vie (le flambeur imprudent face au tacticien un minimum réfléchi) aurait pourtant pu donner des merveilles. Au lieu de cela, l'auteur s'attarde inutilement sur le vol de la dépouille et sur un interminable enterrement dans un champs. Quant aux personnages féminins (la femme à l'hôpital ou la mystérieuse femme de cirque, Chiara Mastroianni...), ils restent anecdotiques.

Tentant de rendre hommage à Chaplin, le film aligne les musiques de ses films ("Les Feux de rampe"...), alors que Beauvois s'obstine malheureusement à coller des musiques épiques sur une action qui n'a rien de dynamique, créant ainsi un décalage agaçant. Quant à l'irruption du burlesque, quand l'amateurisme prend le dessus, elle est trop tardive pour réellement séduire. Et ce n'est malheureusement pas la bonne idée finale des deux avocats plaidant comme au théâtre, et citant Hamlet ou les films de Chaplin lui-même, qui rachètera ce manque d'équilibre. Regrettable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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