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QUICK CHANGE

Un film de Eduardo Roy

Rêves de perfection

Des transsexuelles philippines souhaitant améliorer leur apparence physique, et pour certaines participer à un concours de beauté (Miss Gay Philippines), font appel à de prétendues expertes pour des injections de supposé collagène...

Centré sur Dorina, une transsexuelle surnommée Tatie (« Auntie ») par son fils issu d'un père japonais, "Quick Change" parle autant d'une pratique dangereuse devenue monnaie courante, que de la vie quotidienne de celle-ci, qu'elle partage avec Uno, un jeune et beau danseur officiant dans un spectacle supposé traditionnel (« The Amazing Show »). Situant son action dans une communauté de Manille relativement visible, où l'enjeu permanent semble de rester beau ou belle, quel qu'en soit le prix, le film s'ouvre sur une scène de piqûres collectives, Dorina contrairement à d'autres n'hésitant pas à se déplacer chez ses clientes ou même clients (voir la scène de piqûre dans le pénis pour un danseur de Club).

L'apparence physique est en effet un atout, dans le monde de la nuit comme celui du spectacle, et bien entendu dans la vie privée, et nombreuses sont celles qui font commerce de ces produits, collagène ou autres, qui sont sensés affiner ou affirmer les formes. Avec la minutie d'un documentariste, Eduardo Roy Jr décrit donc des pratiques aussi courantes qu'inconscientes, dont chacun semble parler librement malgré le caractère illégal de la chose. Ne cachant rien non plus de la sexualité de Dorina, la mise en scène s'attache à en montrer le tabou, la femme dissimulant son organe mâle et le jeune homme (Uno) refusant de voir l'orgasme masculin, qu'elle a alors seule dans son coin. Et l'on ne peut être qu'être touché par le naturel de l'enfant qui l'accompagne, faisant une remarque sur les tailles respectives du pénis de sa « tante » et de son amant, ou prenant farouchement la défense de celle-ci lorsqu'elle se fait insulter et traiter de « pédé ».

"Quick Change" met l'accent dans sa seconde partie, sur les dangers des produits utilisés, en tentant un virage peu convaincant côté polar, mené par une mise en scène encore un peu approximative, et une interprétation parfois clairement amateur. Il a en tous cas le mérite, en montrant les dégâts sur les tissus et en posant comme une évidence l'inattention des pouvoirs publics (policiers ou hospitaliers), ainsi que l'irresponsabilité de certains, qui n'hésitent pas à revendre des produits pour l'entretien automobile (tire-black) comme des produits cosmétiques, de poser clairement les dangers et le caractère pour l'instant inéluctables des drames à venir. Et ceci jusque dans son dernier plan, sur fond noir, où une voix douce nous dit : « relax, tout ira bien et vite ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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