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PROMENONS-NOUS AVEC LES PETITS LOUPS

Délicieux recueil d'une indéniable cohérence

Un recueil de six courts métrages animés consacrés au loup, et suivant un garçon chargé d’abattre un loup, un loup adorant le riz au lait, un loup adoptant un poussin, un autre s’attaquant à 7 chevreaux, un autre ayant un lourd secret, et un dernier à la taille hors du commun devenant ami avec une petite fille…

On avait eu droit en 2015 à un recueil de courts métrages autour du malin renard (« Les fables de Monsieur Renard »). Voici que Little KMBO nous propose un formidable programme composé de 6 courts métrages autour de la figure du loup, roublard, menaçant, mangeur de viande, qui s'avère d'une rare cohérence, à la fois esthétique et narrative. En effet, si de manière globale il est forcément question de nourriture dans chacun des segments, il est question ici de passage à l'âge adulte (pour un enfant d'homme et même pour le loup), de solitude et de malice (autant côté loup que côté proies). Côté animation, les courts présentés ici présentent aussi des caractéristiques communes, avec une dominante des scènes nocturnes et aussi un penchant pour les éléments découpés (bois, papier) et articulés.

Dans « Iwan et loup » on nous conte en voix-off l'épopée d'un petit garçon envoyé en forêt pour abattre son premier loup, signe de son passage à l'âge adulte. Le loup est ici représenté comme un égal de l'humain, planté sur ses deux pattes arrières, et deviendra complice du garçon afin de ne pas rester seul en forêt. L'une des particularités est ici la représentation des personnages avec des corps et têtes épais, mais flanqués de membre filiformes qui en font l'apparence fragile.

S'en suit « Grand méchant loup », film tourné image par image, en noir et blanc, à partir de plaques de bois découpées et articulées, sur fond de décors en 2D. Les grands s'amuseront des détails techniques (les nuages apparemment aimantés...), tandis que les petits s'amuseront des rencontres avec divers proies se montrant plus roublardes que le loup, représenté ici comme naïf. Sortant d'un régime au riz au lait synonyme d'enfance, le loup s'attaque donc sans grand succès aux membres de divers animaux (chèvre, âne, mouton, vache, cochon...), ceci sous le regard d'oiseaux moqueurs.

Dans « Au revoir l'été », film sans dialogues, c'est à l'adoption d'un poussin par un loup solitaire que l'on assiste. Sur fond de jolis décors pastels, aux arbres de toutes les couleurs, on suit donc des tentatives d'apprentissage de la nourriture, avant que le loup ne se lance dans la recherche des parents de l'oisillon. Quatrième segment, « Les 7 chevreaux » adopte la même technique d'animation image par image que le second, les personnages étant confectionnés à base de plaques bois découpés, auxquelles se joignent des câbles avec gaines, pour représenter par exemple les bras. Si l'on notera quelques incohérences (l'histoire des mains de couleurs blanches...), c'est à l'intelligence et la prudence des enfants (ici des chevreaux) dont la mère est sortie, que le récit est dédié, ceux-ci déjouant les plans du loup pour se faire passer pour celle-ci. Jusqu'à un certain point cela dit. Certainement le court métrage le plus abouti technique parmi les 6 présentés ici.

Avec « Le secret du loup » c'est aux préjugés sur le genre que le recueil s'attaque présentant ici dans une animation très simple, générée par ordinateur, mais évoquant le papier découpé. Adapte de la danse (il porte lorsqu'il est seul un tutu rose...), il est la risée d'un cygne qui se cache dans les roseaux. Drôle et rythmé le film est une belle ode à la différence. Le programme se clôt avec un charmant conte sur l'amitié entre une petite fille et un loup géant, qu'elle cache aux yeux des adultes. « Moroshka » propose un beau travail sur les ombres, aux effets de peintures ou de pastels générés par ordinateur pour représenter forêt et éléments de nature. Un court de plus à traiter de la solitude et de la difficulté à apprivoiser l'autre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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