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POUR ERNESTINE

Un film de Rodolphe Viémont

L’art ou la paternité comme thérapie

Rodolphe Viémont, bipolaire, raconte comment il a toujours vécu les interactions entre la maladie et sa créativité. Il tente aussi de nous livrer les sensations liées à la naissance de sa fille. l’obligeant à repenser son rapport à la vie…

Pour Ernestine documentaire image

Le film s’ouvre sur une citation autour de l’expression artistique comme moyen de « sortir de l’enfer ». Cet enfer pour Rodolphe Viémont, c’est sa bipolarité, autrement dit l’alternance de phases maniaques (hyper-actives) et de phases dépressives. Et pourtant, celui-ci l’exprimera presque tout au long du film, il n’est jamais aussi créatif que durant certaines de ces phases, allant même chercher un palliatif dans l’alcool lorsqu’elles n’apparaissent plus. Conséquences de l’arrêt des médicaments, espoir de recommencer à zéro, jalousie envers la sérénité de sa fille, mais aussi douleur génératrice de créativité, la réflexion du metteur en scène se fait en voix-off, Robinson Stévenin lisant les réflexions qu’il a livrées par écrit.

Consacrant une partie du métrage aux rapport entre folie et art, ses pensées interpellent et sa relation à sa fille intrigue, comme la réflexion qu’il mène sur la nécessité de privilégier l’être aimé. Cette histoire de renaissance touche, à la fois par la sincérité des mots et par l’apaisement poétique qui s’en dégage progressivement. Côté mise en scène, les choses apparaissent cependant comme inégales, Viémont faisant ici de sa compagne un élément anecdotique, et utilisant certains symboles lourdement (les immeubles qui s’écroulent, les poses en vainqueur au sein d’une ruine d’église…) alors que d’autres sont amenés avec plus de finesse : l’ombre de l’homme confondue avec sa caméra, qui dans un plan final s’en détachera.

Suite de son documentaire "Humeur liquide", sorti en 2016, dans lequel il contait avec sa compagne, également bipolaire, leur projet d’enfant, "Pour Ernestine" relève donc du journal intime et presque de la thérapie en soi. Émouvant, il se pose en ode à la résilience de l’humain, devenu acte « artistique », à la fois lucide et plein d’espoir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Bande Annonce "POUR ERNESTINE" from Rodolphe Viémont on Vimeo.

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