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PIG

Un film de Mani Haghighi

Une brillante comédie iranienne sur la censure et l'influence des réseaux sociaux

Un mystérieux tueur en série décapite les cinéastes iraniens les plus célèbres. Hasan Kasmai, réalisateur interdit depuis près de deux ans, lâché par Shiva, son actrice fétiche qui continue à tourner sans lui, ne comprend pas pourquoi ce dernier ne s’en prend pas à lui, et commence sa propre enquête…

Le cinéma iranien nous a livré, au dernier Festival de Berlin, une comédie acide et enlevée comme elle en donne rarement à voir. Sous forme d’histoire d'enquête autour d'un tueur en série, décapitant des réalisateurs et leur gravant le mot "pig" ("cochon") sur le front, doublée d'un portrait attachant de metteur en scène interdit d'exercer, Mani Haghighi livre certainement l’un des films les plus intelligents et accessibles de l’année, fustigeant la censure et les effets de masse.

Déjà realisateur du remarqué "Valley of stars", le metteur en scène s'amuse en effet des commandes ringardes passées à son anti-héros (la publicité pour un pesticide est un grand moment de parodie) et de la question de la fidélité de ses équipes et acteurs, en pareilles circonstances, se moquant au passage gentiment de l'égo, parfois surdimensionné, de ses confrères.

Réelle comédie de situation, culottée dans ses dialogues parfois absurdes (le mère du réalisateur rassure celui-ci... le tueur viendra bien aussi pour lui, même s'il n'est pas en activité), "Pig" trouve aussi une résonance d'actualité assez impressionnante dans sa dénonciation des phénomènes de lynchage collectif via les réseaux sociaux. Mêlant avec un certain brio des cauchemars surréalistes, de jolies scènes de suspense, le film manie aussi l’absurde et le pince sans rire (l’usage du déguisement d’insecte à la soirée…), pour mieux dénoncer une société qui oublie ou renie ses idoles. Une œuvre multiforme et résolument moderne.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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