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OÙ EST ANNE FRANK !

Un film de Ari Folman

Anne Frank est-elle vraiment dans ce film ?

De nos jours, alors que l’immeuble où se cachait Anne Frank devenu un musée à sa mémoire, son journal qui y est exposé est volé. Il a en fait été dérobé par Kitty, la correspondante imaginaire d’Anne, qui a pris vie et qui la cherche dans toute la ville d’Amsterdam…

Où est Anne Frank film movie

Le parti pris d’Ari Folman ("Valse avec Bachir") est à double tranchant : il évite l’adaptation fade et littérale du "Journal d’Anne Frank" mais la fantaisie qu’il apporte produit un résultat bancal qui peine à convaincre sur toute la longueur.

L’équilibre est constamment sur le fil du rasoir entre reconstitution historique, onirisme, fantastique, comédie (un peu) et drame politique, glissant trop souvent soit vers le didactisme, soit vers la niaiserie, soit vers le mauvais goût. Heureusement, le film est saupoudré de moments de grâce, et de quelques séquences magiques.

On passe donc par tous les états : quand une scène émeut ou émerveille, elle peut être immédiatement suivie d’un moment risible ou ridicule. Par exemple, alors qu’il est intelligent de rappeler qu’Anne Frank était une ado comme les autres qui rêvait d’amour et de stars de cinéma, on reste pantois devant l’histoire d’amour entre Kitty (son amie imaginaire) et un pickpocket de notre époque. On se pince aussi devant les scènes ahurissantes de course-poursuite (Kitty, portant des chaussures se transformant en patin à l’aide d’un bouton, devient une sorte de Yamakasi glissant sur le canal gelé d’Amsterdam !) ou devant cet étrange policier à la fois patibulaire et capable un discours humaniste sur l’héritage d’Anne Frank qui imprègne la ville ! Finalement, le potentiel est gâché par ce côté fourre-tout et on regrette que les flashbacks sur la vie d’Anne Frank soient noyés dans un tel gloubi-boulga.

Bien que partiellement ratée, cette réactualisation reste tout de même utile voire nécessaire, à une époque qui voit le retour en force de l’antisémitisme et plus généralement de la haine sous toutes ses formes. Toutefois, si la comparaison entre la Shoah et le traitement des réfugiées au XXIe siècle correspond à une louable volonté de rappeler l’obligation morale à respecter les droits humains, cela s’avère pourtant indécent car on atteint un point Godwin gênant qui a presque tendance à relativiser la Shoah – un comble pour un tel film ! Il est forcément indispensable de dénoncer les mauvais traitements qui sont infligés aux réfugiés de nos jours en Europe, mais aux dernières nouvelles, ils ne sont pas envoyés en camp d’extermination. "Où est Anne Frank !" finit par ressembler partiellement aux discours grotesques d’une certaine extrême gauche qui mélange tout et part dans tous les sens. On attendait donc un message plus nuancé.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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