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OH LUCY !

Un film de Atsuko Hirayanagi

Une délicieuse surprise douce-amère

Setsuko, femme au quotidien plutôt morne, voit sa nièce lui demander de la remplacer pour un cours d’anglais, pour lequel elle l’enjoint de lui avancer l’argent. Mais les cours s’avèrent très particuliers, avec un professeur américain particulièrement affectueux, qui réveille en elle certains élans. Affublée d’une perruque blonde, elle devient Lucy, et John, lorsque le professeur, s’enfuit aux USA avec sa nièce, elle convainc sa sœur de la suivre en Californie pour les retrouver…

"Oh Lucy" fut certainement le moment le plus doux de la Semaine de la critique cannoise 2017, provoquant à la fois émotion et immense bonheur. C'est que l'on a découverte avec La réalisatrice Atsuko Hirayanagi y dépeint le portrait, aussi attachant que tendre, d’une petite dame seule, entre maladresse bien-intentionnée et malice sexuée. Interprétée par la surprenante Shinobu Terajima (déjà au générique dans "Le soldat Dieu") cette dame d'un certain âge passera de l'employée soumise à la femme libérée, tout cela à cause d'un cours d'anglais tout particulier, entre « hugs » troublants et balle orange aidant à la prononciation (d’où l’étrange affiche choisie pour la sortie du film).

Le scénario, s'ouvrant comme un récit timide montrant un léger choc des cultures, se transforme en un road trip déluré, et regorge de surprises, de bifurcations étonnantes et de scènes croustillantes, qui font le sel de cette comédie douce-amère. Le duo formé avec la sœur ennemie du personnage, blasée, est tout juste délicieux, du voyage en avion (séparées par une Américaine) au crêpage de chignons tant attendu. Quant au rôle de Josh Hartnett, il est tellement à des années lumières de tout ce qu'il a interprété auparavant, que l'on en redemande.

Dans le fond, si le portrait est tout de même un peu amer, il convoque avec malice le rêve d’une vie meilleure, et surtout de réelles expression d’un désir que l’on croit parfois éteint. Au final, "Oh Lucy" parvient à la fois à surprendre et à toucher, jouant ponctuellement sur l’adoucissement des relations humaines, pour mieux en dévoiler la tendre cruauté. Juste un mot : formidable !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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