Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

NOUS VENONS EN AMIS

Un film de Hubert Sauper

Un documentaire éclairé

Une plongée au cœur de l’après-conflit soudanais, qui mena à la division du pays en deux. Un Sud-Soudan chrétien, allié avec les États-Unis, et un Soudan musulman, proche de la Chine...

Présenté dans la section Berlinale Special du festival de Berlin 2014, "We Come as Friends" est le nouveau documentaire polémique de Hubert Sauper, réalisateur césarisé pour "Le Cauchemar de Darwin", qui avait déjà fait scandale à l’époque. Autour d’implantations visant l’exploitation du pétrole, le réalisateur pose sa caméra auprès des populations locales, cernées par les détritus et le grillage d’enceinte, condamnées à côtoyer une nappe phréatique polluée, ou obligées de travailler pour presque rien à concasser manuellement de la pierre…

Il en découle un survol de ce pays (au sens propre) et du rôle des ingérences américaines et chinoises, dans la dissection du pays en deux et dans le maintien des populations locales dans une pauvreté permanente, voire dans l’exclusion. Car si la guerre a été financée par le pétrole, et que « la paix passe par les armes si nécessaire » selon l’islam, ce sont avant tout les hypocrisies d’investisseurs ayant leur propre application du concept du « win-win » (gagnant-gagnant) que le réalisateur met en évidence. La colonisation n’est pas loin, même si les Chinois s’en défendent, et les populations locales s’en rendent bien compte, certains plaisantant sur le fait que même « la Lune appartient à l’homme blanc ».

Décrivant avec terreur une situation qui mènera sans conteste à une nouvelle guerre, non plus civile mais entre les deux nouveaux pays aux religions différentes, Hubert Sauper ne fait pas dans l’angélisme. Et s’il utilise quelques comparaisons surprenantes (comme dans "Star Trek", des troupes indiquant « Nous venons en paix », mais sous-entendant « nous nous défendrons si nécessaire »), c’est pour mieux enfoncer le clou de son discours alarmiste. A l’image de ces vues aériennes tournées à l’envers qui défilent au début du film, il fait en tout cas une nouvelle fois la démonstration que notre monde ne tourne pas rond.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire