Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

NAÎTRE PÈRE

Un film de Delphine Lanson

Désir de paternité

Jérôme et François, pacsés depuis treize ans, décollent pour les États-Unis où ils se rendent chez Coleen, celle qui a accepté d’être la mère porteuse de leur futur enfant…

C’est le cœur gros que le spectateur sort de la salle de cinéma qui projette le film « Naître père », un documentaire sur le désir d’enfant, le désir de paternité. Un projet simple en apparence mais un vrai parcours du combattant pour un couple homosexuel qui souhaite élever et éduquer une descendance. Jérôme et François forment un couple stable qui a pris sa décision, celle de mettre tout en œuvre pour arriver à ce qu’ils considèrent comme le plus beau des cadeaux : être pères ! Durant neuf mois et plus, Delphine Lanson, la réalisatrice, les a suivi avec sa caméra, un Canon 60D, dans cette aventure, dans ce voyage vers l’inconnu…

Ou plutôt vers plusieurs inconnus. Car bien avant de découvrir ce que recouvre le rôle de père, Jérôme et François partent vers un première inconnue : la rencontre avec la mère porteuse et sa famille qui vivent dans un coin perdu du Wisconsin. C’est là, où la gestation pour autrui (GPA) est autorisée, que Coleen accouchera du bébé. En attendant, le spectateur est invité à avoir un œil sur la relation amicale et sincère du couple parisien avec la famille américaine, à découvrir un bout de femme incroyablement chaleureuse et altruiste, et à s’émerveiller de ces relations qui se créent, bien sûr à l’écran, mais aussi dans la salle entre nous et les protagonistes du film !

Car les trois personnalités fortes que sont Jérôme, François et Coleen donnent le ton du documentaire et les situations qui les amènent au cœur des difficultés légales, administratives et psychologiques nous happent pour nous toucher en plein cœur. Alors bien sûr, on ne criera pas au génie cinématographique : la mise au point sur le sujet, le son ou la qualité de l’image laissent parfois à désirer. Mais la caméra se fait discrète, capte l’intime et l’émotion naît inévitablement. Le choix de Delphine Lanson a été de traiter son film comme un témoignage. Il illustre ainsi une histoire prise sur le vif, qui nous éclaire sur la banalité du désir de paternité et l’acceptation naturelle qui devrait en être faite. Il ne donne, en revanche, aucune information sur les controverses liées à la GPA comme les moyens financiers en jeu, la marchandisation du corps humain…

Mais qu’il est bon de voir ce genre de documentaire, en ces temps de débats parfois haineux sur le mariage pour tous ou la procréation médicalement assistée (PMA), où on peut voir simplement comment un homme peut légitimement avoir envie d’être père (oui, ça arrive aussi à certains hétéros !) et d’élever un enfant, qu’il soit en couple avec madame ou avec monsieur. Qu’il est bon de rappeler que l’envie seule ne suffit généralement pas mais que l’amour à donner derrière est aussi important. Et malgré toutes les contraintes qu’ils rencontrent, les obstacles qu’ils franchissent, Jérôme et François ont de l’amour à revendre pour aller au bout de leur projet, pour voir leur désir de paternité… voir le jour.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire