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LA MOSQUITERA

Un film de Agustí Vila

Une bizarroïde famille en crise

Un couple de quarantenaire doit se résoudre à l’évidence : ils sont bel et bien en crise. Elle semble un peu trop attentive à son fils, adolescent dépressif qui collectionne les animaux. Lui, est un rien perturbé par leur absence de sexualité. Chacun va chercher des échappatoires…

« La mosquitera » est un film à la fois en catalan et en castillan (espagnol). Une œuvre sans violence sur des adultes en crise, au milieu desquels évolue un adolescent tout aussi perturbé. Mais le scénario semble s'intéresser bien moins au sort de ce dernier, qu'aux comportements bizarres de ceux qui l'entourent, tous étant en proie à des hésitations, du fait de la bienséance ou de la morale. Car il est d'évidence difficile de sortir des clous, de couper avec la routine du couple normal, ou d'avouer qu'on n'élève pas bien sa fille.

D'un côté il y a donc le mari, Eduard Fernàndez, qui s'intéresse de près à la jeune femme de ménage qu'ils viennent d'engager. Toujours réticent face à la question de la chair, il cherche avant tout un contact, une image de la beauté et de la jeunesse féminine, allant jusqu'à payer pour toucher la main de la jeune femme, visiblement mal à l'aise. De l'autre, il y a sa femme, Emma Suarez, perturbée par le regard d'un camarade de son fils, et qui voudrait bien redevenir la « petite salope » d'un mec, sans pour autant que celui-ci soit autorisé à l'appeler comme cela. Toujours aussi resplendissante, Emma Suarez est surtout connue en France pour avoir été l'égérie des premiers films de Julio Medem dans les années 90 (« Vacas », « L'écureuil rouge », « Tierra »). Elle a été nommé au Goya de la meilleure actrice pour ce rôle.

Les seconds rôles, eux, sensés constituer des repères, ne vont pas vraiment au mieux. Il y a la confidente de la femme (sa sœur?), qui donne des leçons aux autres, cherchant perversement leurs failles, pour mieux cacher les siennes. En effet, elle ne supporte plus d'élever sa fille, se mettant subitement à lui couper les cheveux parce qu'elle ne respecte pas ses poupées, ou lui brûlant les mains avec ses cigarettes. Enfin, il y a le grand père et sa femme (Géraldine Chaplin, dans un rôle muet...), celui-ci s'inventant des dialogues avec elle pour mieux trouver le courage de se suicider. Tout cela n'est donc pas vraiment drôle, et l'omniprésence des animaux, exutoires affectifs ou objets d'un soudain respect que les humains semblent incapables de s'accorder entre eux, laisse assez interrogatif.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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