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MONROVIA, INDIANA

Un film de Frederick Wiseman

Un film pas si politique

Monrovia est une petite ville de l’Indiana, à une trentaine de minutes d’Indianapolis. Devant la caméra de Frederick Wiseman, se succèdent tous les lieux et les temps forts du quotidien de cette petite ville rurale : des champs à l’officine du vétérinaire, du salon de tatouage au diner, du magasin d’armes à l’église évangéliste…

Monrovia, Indiana film documentaire image

Ce qui est le plus surprenant quand on voit ce nouveau documentaire de Frederick Wiseman, c’est qu’il ne correspond pas du tout à la promotion qui en est faite. En effet, on s’attendrait, après avoir lu les flyers de la campagne marketing du film, à voir un film qui tenterait de comprendre comment une ruralité comme Monrovia a pu élire à plus de 70% un candidat représentant les extra riches (Donald Trump), ou même essayer de voir s’il y a une corrélation entre ce choix politique et les pratiques religieuses de la ville. Mais non, ce n’est pas du tout dans cette optique qu’est parti Wiseman.

En effet, si le film a certes une dimension politique, avec de nombreuses séquences montrant des réunions du conseil municipal, discussions ruinées par l’incompétence des membres, la non-écoute et la langue de bois, et également de nombreuse séquences se passant au sein de l’église, c’est l’espace qui intéresse Wiseman et les pratiques plus que leur connotation. Wiseman ne prend ainsi jamais Monrovia comme un exemple de ce qu’est la ruralité aux États-Unis. Bien au contraire, c’est la singularité et la spécificité de la ville qui l’intéressent.

Pour les fans de Wiseman, la forme de ce film ne sera pas un problème, pour les autres, il faut être au courant que ce documentariste n’est pas un portraitiste, ou plutôt, qu’il ne l’est pas à l’échelle humaine car il ne fait aucune interview, mais à l’échelle d’un lieu. Ainsi, il essaie de rendre l’air du temps et l’atmosphère spécifique à Monrovia. Il fait donc un patchwork de tous les espaces et temps forts de la petite ville au cours de l’année. Pour ce qui est de l’agriculture, on voit des séquences de tonte, puis de ramassage des blés pour en faire des bottes, puis l’ensemencement et l’épandage de produits chimiques, ainsi que les transports des graines. Il y a aussi les temps forts de l’église, les mariages, les enterrements, les sermons... Vraiment tout ce qui fait la vie de cette petite commune. L’une des séquences d’église est assez impressionnante en raison de la performance de l’acteur. L’acteur, pardon le prête, qui livre un discours vibrant et très bien maîtrisé pour célébrer la mort, et donc le retour chez elle, d’une femme.

Ainsi, "Monrovia, Indiana" est presque un film apolitique, car il est essentiellement le témoignage, comme il est dit dans le film, d’un repli sur soi de la ruralité. La seule référence qui est faite à l’extérieur est dans l’évocation de la place de la ville par rapport à Indianapolis, et le gouvernement est mentionné une fois dans une séance du conseil municipal. Une séquence qui montre que le mille-feuille administratif n’est donc pas un problème spécifique à la France. Du pur Wiseman, un peu plus court sans doute qu’à l’habitude.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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