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LE MONDE (PRESQUE) PERDU

Un film de Brad Silberling

Will Ferrell en forme, mais au centre d'un scénario navrant

Un scientifique en mal de reconnaissance se grille définitivement lors d’un show télé dans lequel il tente de vendre une théorie saugrenue qui permettrait de voyager dans le temps et l’espace. Devenu un professeur quelconque, il fait la connaissance d’une jeune fille qui admire sa théorie et va l’inciter à construire la machine qui pourrait démontrer qu’il avait raison…

Soit francs d'emblée: le seul intérêt de ce film est son acteur principal; Will Ferrell, comique américain qui a toujours autant de mal à percer en France. Et pour cause, ce n'est pas avec ce film qu'il parviendra à une quelconque reconnaissance. Son personnage de scientifique avec de forts problèmes d'égo, en mal de reconnaissance, tel un gamin qu'on ne laisserait pas jouer avec les grands, est l'occasion pour l'acteur de nous livrer un numéro de comédie formidable dans la scène de préambule (comme de conclusion) lors d'un show télé où il est invité et tente de vendre sa théorie comme son livre. Ses gamineries amusent alors, alors qu'elles finiront par agacer franchement au cour du récit.

Le scénario s'égare rapidement, notre héros ringard, très fier d'être « docteur » (pas au sens médical du terme), après s'être retrouvé au clou, et avoir développé son invention grâce à une improbable et lunatique fan, passe de l'autre côté dans un manège (sorte de maison des horreurs mais sous forme de parcours en bateau...), découvrant une autre réalité, dans le futur. Pourquoi être allé au milieu du désert pour chercher l'entrée ? Pourquoi précisément dans ce manège ? Les scénaristes ne s'embarrassent ni de réalisme, ni de motifs. Arrive alors le second personnage comique du film, un des hommes primitifs découverts en plein désert, dont la lubricité, bien mise en avant, donne lieu aux rares scènes vraiment drôles du film.

Malheureusement, à partir de là les scènes d'actions s'enchaînent sans grand sens ni volonté de construction, laissant voir les importants effets spéciaux mobilisés, sous forme de multiples dinosaures qui ne servent en rien l'histoire, de lianes vivantes, de pont de San Francisco brisé en plein désert... et autres décors inutiles sensés provoquer l'admiration ou la béatitude. Tout cela est mâtiné d'une bonne dose de pipi-caca, puisqu'on apprend à s'enduire du pipi du chef comme camouflage, qu'il a bien entendu récupéré et mis de coté pendant des semaines... Sans oublier l'humour du pote obsédé qui a fait le voyage avec eux.

Les allusions à de vieux films des années 50 ne rattrapent rien, qu'il s'agisse de la scène d'hypnose par un alien (télépathie), ou de la créature elle-même qui ressemble à un costume de plastique, avec tête en mousse façon lézard... vêtu bien entendu de la plus seyante des jupettes rouges foncées. Heureusement reste le personne de Will Ferrel, avec lesquels les scénaristes tentent un humour en décalage avec l'action, lui-même restant calme et raisonné, faisant des commentaires scientifiques... parfois face caméra à la manière d'un reportage vidéo, mais souvent sans intérêt. Si vous restez jusqu'au bout, vous verrez qu'ils osent tout, dans un fatras certes totalement assumé, mais sans grand sens ni fun, même le passage chanté, histoire de se faire pardonner... ou encore la scène d'éclosions d'œufs de ptérodactyles. Débile.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

COMMENTAIRES

Dengab

dimanche 3 avril - 7h21

Je pense que ce film est d abord un bon moment de détente pas plus.
Tout en aimant bien will ferrell, aucune logique a maintenir mais un bon divertissement comme doit rester le cinéma en général.
On ne fabrique un monde meilleur que dans l illusion du cinéma.

Raphaël Jullien

samedi 12 décembre - 3h39

Un divertissement au grotesque assumé

Il est fort possible que la réception de ce film en France soit très différente de l’accueil américain, car il s’agit d’une adaptation libre d’une série télé des années 1970 qui n’a jamais été diffusée dans notre pays : "Land of the Lost" (qui est aussi le titre du film en VO). Il nous est donc impossible de faire des comparaisons – mais peut-être est-ce mieux ainsi, car ce genre de situation a trop souvent tendance à générer des dénigrements quasi instinctifs et manquant souvent de recul.

Tenons-nous-en donc à ce que nous voyons et percevons comme spectateur vierge de tout a priori, du moins concernant la série. Malgré cette absence de parallèle pour le public français, la parodie du film est flagrante. Il est donc possible d’y voir plein d’autres références ou inspirations, de "Jurassic Park" à "Indiana Jones" en passant par "2001, l’odyssée de l’espace", la série "Lost" ou même "Les Dents de la mer" – quand Holly demande à Will de s’arrêter un moment quand ils fuient le T-rex pour qu’elle ait une échelle dans sa prise de vues, cela peut en effet faire écho au moment où, dans le film de Spielberg, Hooper demande la même chose à Brody pour prendre en photo le requin qu’ils ont alors pour tâche de chasser.

Soyons francs : le scénario est assez pratique, car on se contrefiche de la cohérence avec une telle histoire et l’imagination devient sans limite. Le film assume en effet son côté grotesque, s’autorisant à peu près tout et affichant ouvertement son esthétique kitsch et son humour potache. Des mauvaises langues, aveuglées par leur propre incapacité à comprendre le second degré, pourraient voir ça et là des blagues supposément racistes ou homophobes. Ce serait oublier que ce long métrage ne délivre pas de discours idéologique et que les personnages sont caractérisés par la bêtise et la ringardise, leurs répliques permettant tout simplement de nous moquer d’eux.

On ne peut évidemment pas clamer que la finesse définisse "Le Monde (presque) perdu". Mais si on s’autorise à rire de tout et à s’amuser sans arrière-pensée, on a droit à du pur divertissement, qui n’a aucune autre prétention que la volonté de dérider le public.

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