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MON FRERE EST FILS UNIQUE

Un film de Daniele Luchetti

Un beau portrait d'une certaine Italie

Accio est un adolescent italien qui a décidé d'entrer dans les ordres. Perturbé par les visites de son grand frère, il pose nombre de questions et finit par se rebeller. Une fois revenu en famille, franc et bagarreur, il a l'impression de passer en dernier et de n'avoir aucun choix. Influencé par un ami de la famille, il commence à s'intéresser aux mouvements fascistes...

Depuis quelques temps le cinéma italien se tourne vers une histoire récente du pays longtemps ignorée, teintée de soubressauts politiques, d'attentats ou enlèvements sanglants et d'une friction certaine entre libération des moeurs et croyances religieuses. Tissant sur un fond pré-soixante huitard, les relations houleuses qui unisse le jeune Accio, devenu étudiant, à son frère, la petite amie de celui-ci, tout comme le reste de sa famille, le scénario réussi un savant mélange d'humain, de conscience ou d'inconscience politique matinée d'utopie, sur lequels soufflent un vent de jeunesse enivrant. Ainsi « Mon frère est fils unique » est à ranger auprès des excellents « Nos meilleures années » et autres « Romanzo criminale ».

Servi par une brochette d'interprètes enthousiasmants, le film est surtout le portrait de celui qui se surnomme lui même « la teigne » et dont la nervosité intérieure est parfaitement rendue par un jeune acteur charmeur et touchant: Elio Germano. Son évolution politique, de la rebellion initiale, qui l'amène à plonger dans les milieux fascisants, aux mouvements communistes portés par son frère, permettent au réalisateur de pointer les excès des utopies extrémistes. La fin du film, fin d'une insoucience, et pour son héros d'une implication jusque là sous influences, est surtout l'occasion de montrer quelle pourrait être une réelle action militante et généreuse.

Toujours menées sous le signe de l'affrontement et de la séduction, les relations entre les personnages parraissent des plus justes, le spectateur ne pouvant qu'être séduit par ces troubles personnages qui jouent en permanence un double jeu mêlant façade, valeurs et famille. Et la superbe photographie du film ajoute à cette impression globale de légèreté, que seules les quinze dernières minutes viennent obscurcir, sonnant le temps de la réelle implication adulte. Un film indispensable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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