Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

MASSS

Un film de Venkat Prabhu

Mouais, bofff

Masss est un voleur hors pair qui effectue de fréquents larcins avec son meilleur ami. Un jour, tout se précipite : il tombe amoureux d’une jolie infirmière avec un urgent besoin d’argent, il a un accident de voiture qui envoie son comparse ad patres et, plus surprenant encore, il se découvre le pouvoir de parler avec des fantômes. Ce pouvoir lui inspire une arnaque savante, visant à se remplir les poches en passant pour un chasseur de spectres. Jusqu'au jour où un autre spectre apparaît dans le quotidien de Masss : non seulement il a le même visage que lui, mais il semble avant tout déterminé à éliminer certaines personnes…

Aller voir un film Bollywood à très gros budget (le terme exact est « masala ») nécessite en général trois pré-requis : laisser de côté sa logique cartésienne, abandonner toute analyse relative à la notion de « genre » (puisqu’ils se télescopent tous) et se préparer à vivre une hallucination complète pendant environ trois heures (rares sont les gros blockbusters indiens à tomber en-dessous de la barre des deux heures). Quand ça marche, on enchaîne les émotions fortes comme des perles et on finit avec plein de couleurs flamboyantes dans les yeux. Et quand ça foire, on subit juste une indigestion étirée au max, avec comme seule conséquence l’envie de s’en remettre à un cinoche d’auteur très terre-à-terre. En l’état, "Masss" constitue un grand écart devant lequel on peine à poser un jugement précis.

Vendu comme un croisement d’action, de romance, de comédie et d’horreur, le film de Venkat Prabhu honore sans peine le cahier des charges d’un masala pété de thunes, entre acteurs qui friment, humour plus débile tu meurs, scènes d’action improbables, mouvements de caméra pas possibles, effets spéciaux torchés en cinquième vitesse et numéros musicaux surchargés de figurants. Le tout avec une histoire difficile à raconter, qui passe du coq à l’âne dans sa première partie avant de reconstituer les pièces de son puzzle dans la seconde. Mais l’ensemble se révèle trop long et trop fade : certaines séquences ne servent pas à grand-chose et la mise en scène, handicapée par un montage très souvent désastreux qui charcute à peu près une séquence sur deux, tente en vain de créer une illusion de rythme pour camoufler son manque de tonus. Pour le coup, on n’arrive pas à se laisser gagner par la folie de cette intrigue, qui plus est lorsqu’elle ne propose pas d’idées incroyables qui viendraient nous scotcher la rétine. Sans être désagréable pour autant, "Masss" fait donc figure de coup manqué. En attendant le suivant…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire