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LES MARINS PERDUS

Un film de Claire Devers

Un désordre glauque, énervant et prétentieux

Le capitaine d'un bateau se voit obligé de licencier tout le personnel. Deux d'entre eux finissent pourtant par revenir pour des raisons différentes. Mais c'est le début pour les trois hommes d'une lente descente aux enfers...

Le début n'est pas clair, la fin est surréaliste et tout le milieu est du remplissage désordonné. Sans doute que le film suit la même logique de décomposition interne des trois protagonistes principaux, mais il subsiste un arrière-goût de bâclé sur toute la durée de l'histoire. Claire Devers semble vouloir nous entraîner dans la folie grandissante de ces trois personnages masculins mais elle ne fait qu'ébaucher leurs histoires respectives. Impossible donc, pour nous, de vraiment les comprendre. Impossible de s'identifier à leurs illusions, leurs regrets et leur décadence. Ne reste alors qu'une ambiance globalement glauque, de laquelle on a hâte de sortir car certains passages d'une lenteur déprimante sont insupportables. Bref on est impatient que le film se termine !

Bernard Giraudeau paraît être une caricature à la fois de lui-même et du genre de sombre héros que rien ne touche ou presque, celui qui aime se plonger dans sa solitude, plaire aux femmes et montrer sa virilité. Une sorte de vieux beau et prétentieux des temps modernes. Miki Manojlovic, lui, est sans doute celui qui joue le plus juste, sa performance rappelant plus son rôle dans " Artemisia " que dans " Underground ". Le jeune et inconnu Sergio Peris-Mencheta a une tête à claques ! Audrey Tautou est presque fade dans ce décor. Darry Cowl est génial mais n'apparaît que 5 minutes, le temps d'une tentative avortée d'aborder le passé du personnage de Giraudeau. On est seulement ravis de voir une des dernières performances de Marie Trintignant, malheureusement elle aussi cantonnée à un rôle sous-exploité.

La réalisatrice tente une réflexion sur l'homme et sur ses relations avec la mer ou avec les femmes, mais rien n'aboutit vraiment. On se contente d'une succession de scènes non développées, alimentées ça et là de phrases pompeuses et prétentieuses, sans doute tirées du livre dont le film est une adaptation. Il y avait de la matière mais le résultat est un beau gâchis.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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