MA VIE EST UN DÉFI

Si le récent documentaire sur le parcours de Michael J. Fox, éternel Marty Mcfly de "Retour vers le futur" ("Still") a mis en lumière les cas de maladie de Parkinson précoces, celle-ci reste pour beaucoup associée à une pathologie du vieillissement. Lorsqu’on est un golfeur professionnel comme Yves Auberson, en pleine santé et sans antécédent familial, on se dit même qu’il n’y a aucune chance pour en être victime prochainement. Pourtant à 35 ans, alors que rien ne le présageait, le couperet va tomber : le sportif est subitement atteint de ce syndrome neurodégénératif, dont les symptômes les plus connus sont probablement les tremblements qu’il entraîne. Rapidement, il découvre une autre réalité, celle d’un monde où le moindre mouvement devient plus complexe, où le traitement entraîne des effets terribles de dyskinésie (gestes incontrôlés), et où le regard des autres ne sera plus jamais le même.

Retraçant le combat de cet homme face au handicap, le film se focalise surtout sur le défi qu’il s’est lancé après tant d’années de souffrance : marcher. Comme sur "Les Chemins noirs", où Sylvain Tesson arpentait les montagnes pour se reconstruire, le protagoniste va parcourir 1 000 km dans les Alpes suisses pour se prouver qu’il est encore bien vivant, sensation qu’il est parfois facile d’oublier lorsqu’on est bourré de médicaments et incapable de dicter à son corps la moindre conduite. Portrait poignant et intime, le métrage vaut le coup d’œil avant tout pour sa proximité avec son personnage principal, celui-ci se livrant sans artifice sur sa condition, ses doutes, l’intérêt d’une telle existence ou la potentialité d’y mettre fin. Si les quelques effets de style n’étaient pas nécessaires (les images en noir et blanc façon négatif), "Ma vie est un défi" est une belle leçon de résilience, mot qui prend ici tout son sens. En pleine canicule, nous ne saurons que trop vous recommander un petit détour par le bon air suisse.