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LOURDES

Se faire beaux pour la Vierge

Lourdes accueille plus de trois millions de visiteurs chaque année. Les portraitistes Thierry Demazière et Alban Teurlai sont allés à la rencontre de ces femmes et de ces hommes, des pèlerins de tous horizons, afin de les interroger sur leur démarche…

Lourdes documentaire film image

Cette phrase est présente textuellement dans la bouche d’un des pèlerins. La caméra et le film suivent cette démarche. Si Thierry Demazière et Alban Teurlai sont connus pour leurs documentaires très esthétiques ("Relève", "Rocco"), "Lourdes" ne fait pas exception à la règle. Leur consigne sur le tournage, qui leur a permis d’obtenir la confiance de l’Église et des gens qu’ils ont filmés, et qui leur a aussi ouvert les portes de nombreux lieux jamais filmés jusqu’alors, était d’être respectueux de celles et ceux qu’ils filmaient. Les deux hommes se sont pliés à cette règle, ils sont même aller plus loin.

Ils ont fait le choix esthétique de n’utiliser que de la lumière naturelle, de prendre souvent de très courtes focales et de rester très proche de leur sujet. Ils utilisent également de façon extensive, comme dans la séquence d’ouverture du film, de très gros plans, ralentis et très contrastées, isolant des parties du corps dans des gestes rituels, spécifiques à cet endroit. La courte focale, couplée à des plans rapprochés conduit ainsi à une sublimation des visages par le flou d’arrière plan.

A ces belles images, de corps parfois difficile à regarder, vient s’ajouter une bande son très soignée. Ce qui est très impressionnant d’ailleurs quand on sait que tout a été enregistré sur place, y compris les voix et les chants, extrêmement mélodieux. Les deux auteurs font également le choix de rendre les histoires de chacun, non pas en des portraits face caméra où les gens s’expriment, mais dans des voix-off qui se superposent à des images montrant les personnes elles-mêmes ou non.

Lourdes est une machine, avec un programme et des horaires très précis, une répétition d’actions quotidiennes. Les réalisateurs ont donc suivi le déroulement d’une journée type pour structurer leur film et ainsi, filmer en parallèle les différents destins de pèlerins, d’un homme atteint de la maladie de Charcot, à un père militaire, qui vient avec son fils, prier pour son petit dernier. On retrouve également les filles du bois de Boulogne, des gitans, et celui à qui le film est dédié, un homme qui s’est retrouvé en fauteuil roulant après avoir été frappé par une voiture dans son enfance.

Le film fait aussi un détour par les soignants et tous ceux qui rendent possible le séjour des malades dans ce lieu à l’atmosphère si particulière. En faisant le choix d’être toujours très proche des gens, les réalisateurs s’attardent sur l’émotion propre à cette espace et au temps qu’est la prière. Les quelques plans larges du films sont toujours des plans de foules, illuminée par des chandelles, ou des plans sur la cathédrale et son architecture si particulière, qui donnent une idée du fourmillement et du gigantisme de la ville.

Lourdes est l’un des lieux de culte les plus symbolique du monde. Il est ici mis en scène. Car on peut en effet vraiment parler de mise en scène pour ce documentaire, par deux esthètes, un athée et un agnostique. Le résultat est un travail de portraitiste très abouti, qui jette une nouvelle lumière sur cet espace et les gens qui le fréquentent. Un film sur l’émotion de Lourdes, sur les gens qui y viennent, par sur la religion.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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